Le réseau de promotion de l'alimentation scolaire en circuit court en Afrique de l'Ouest

Le réseau de promotion de l'alimentation scolaire en circuit court en Afrique de l'Ouest

Dans le cadre du programme de Promotion de l’agriculture familiale en Afrique de l’Ouest (Pafao), des échanges sont animés grâce à l’appui de consultants pour renforcer les réseaux actifs en Afrique de l’Ouest dans leur action pour le consommer local comme moyen de réalisation du droit à l’alimentation, en particulier le Réseau des organisations paysannes et de producteurs de l’Afrique de l’Ouest (Roppa) et 4 de ses plateformes nationales : la Pnoppa au Bénin, la CPF au Burkina Faso, le CNCR au Sénégal et la CTOP au Togo. Fin 2024, une cinquième plateforme du Roppa a rejoint le réseau, le Farmers Organization Network in Ghana (FONG). 

Depuis 2021, le focus a été mis sur la thématique sur les cantines / l’alimentation scolaire en circuits courts

Production de connaissances et animation de réseaux

Une étude bibliographique complétée par des entretiens (voir colonne de droite) avec des acteurs du plaidoyer en faveur des cantines scolaires en circuits cours a dressé un état des lieux dans les 4 pays : Sénégal, Burkina Faso, Bénin et Togo.  Des ateliers nationaux sont organisés régulièrement pour favoriser la concertation multi-acteurs (organisations paysannes, ONG, collectivités, organismes d'Etat). Un annuaire de contacts est consultable sur demande.

Au-delà des dynamiques propres à chaque pays, des ateliers sous-régionaux d’échanges et de partage sont organisés : le premier a été organisé par le CNCR au Sénégal en décembre 2021 (voir le compte-rendu) et a permis de formaliser le Groupe multi-sectoriel de l'alimentation et de la nutrition à l'école (Gmsane, reconnu officiellement par un arrêté du gouvernement sénégalais en 2024).  Le second atelier sous-régional a été organisé par la Pnoppa au Bénin dans un contexte de déploiement d'un ambitieux programme d'alimentation scolaire. Les OP se sont fortement mobilisées pour l'achat du riz local pour les cantines (voir le compte-rendu).  Le 3ème atelier sous-régional a été organisé en décembre 2024 par la CTOP et l'Agence nationale du développement à la base (Anadeb) qui gère le programme national de cantines scolaires. Il a été l'occasion de faire le point sur les expérimentations menées au Togo et sur les avancées par pays (voir le compte-rendu et citations ci-dessous).

Joukov Dahouè de la Pnoppa- Bénin : « Avec l’appui de la dynamique animation-pays Pafao, les organisations paysannes se sont fortement impliquées pour l’approvisionnement des cantines. Aucun produit n’était collecté auprès des OP en 2016 alors qu’en 2023, elles ont fourni 58 % des denrées (objectifs de 75 % en 2026 avec en particulier du riz, du maïs et du niébé de qualité fournis par les OP). Près de 11 milliards ont ainsi été consacrés à l’achat de riz local en 2024 directement. »

Jacob Kiema de la Confédération paysanne du Faso (CPF) : « Les produits achetés sont presque exclusivement locaux, de nouveaux aliments ont été introduits dans certaines cantines comme l’attiéké et les produits laitiers. En outre, depuis l’initiative présidentielle « Assurer à chaque enfant en âge scolaire au moins un repas équilibré par jour », les enfants non scolarisés peuvent bénéficier du service de restauration. »

Ci-dessous, photos d'illustration de l'atelier de Lomé (décembre 2024) :

  • Les équipes de la CTOP et du CFSI avec les producteurs de l’Union cantonale des maïsiculteurs de Gapè centre ayant participé à l’expérience pilote en préparation de leur participation à l’atelier © CFSI
  • Falaman Djanguenan du Pam et Adila Adjile de l’Agende régional pour l’agriculture et l’alimentation (Araa), à droite. Le Pam comme l’Araa prévoient des appuis aux OP pour privilégier les achats locaux qui créent des revenus avec une stratégie de résilience alimentaire à long terme. © CFSI

 

 

Pourquoi promouvoir l'alimentation scolaire dans le cadre du Pafao ?

En plus des bénéfices pour une meilleure nutrition des écoliers et de meilleures conditions de scolarité, alimenter les cantines scolaires en circuit court est un atout pour les organisations paysannes qui y trouvent des intérêts :

1/ économique : les volumes d’achats et la contribution de l’Etat permettent en général d’obtenir des prix rémunérateurs ;

2/ de formation : elles renforcent leurs capacités pour répondre aux exigences des achats institutionnels ;

3 / financier : la contractualisation peut amorcer de nouveaux partenariats avec des institutions financières.

Parmi les marchés institutionnels, les cantines sont particulièrement intéressantes pour au moins deux raisons supplémentaires :

4/ elles sont stratégiques pour sensibiliser les jeunes sur une alimentation saine (les habitudes alimentaires se forgent très tôt) ;

5 / l’alimentation scolaire est un domaine dans lequel de nombreuses organisations étrangères interviennent en Afrique de l’Ouest : l’alimentation scolaire est un enjeu de souveraineté nationale alimentaire.

Cantine scolaire au Burkina Faso © AFL / Martin Demay

Le Réseau français de recherche sur la Restauration scolaire ReSco animé par l'Institut Agro Montpellier et la Chaire Unesco « Alimentation du monde »  est partenaire du Pafao sur le sujet de l'alimentation scolaire en circuits courts.