Des produits locaux accessibles à tous !

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français
Thématiques : Faim et malnutrition

Le marché alimentaire ouest-africain est très vulnérable aux fluctuations des prix mondiaux et au dumping. Comment concilier juste rémunération des paysans et prix accessibles aux classes populaires tentées par les importations bon marché ?

En Afrique de l’Ouest, les produits transformés locaux correspondent pour la plupart à des marchés de niche et s’adressent aux catégories aisées de la population ou aux classes moyennes en émergence. Même si ces filières permettent aux acteurs locaux de dégager des marges plus importantes, les quantités vendues restent limitées. Comment garantir l’accès de tous à une alimentation locale de qualité ? La question est d’autant plus cruciale que l’alimentation représente une part très importante du budget des ménages ouest-africains, entre 30 et 60 %. Sachant, comme le rappelle l’agroéconomiste Hubert Cochet, qu’« il ne peut y avoir de juste rémunération des producteurs et d’accès à une alimentation de qualité pour tous sans un minimum de protection aux frontières permettant de se protéger de l’influence délétère des bas prix mondiaux et surtout de leurs fluctuations ».

Travailler avec les intermédiaires

Elphège Ghestem d’Agrisud au Sénégal et Estelle Koïta des Maisons familiales rurales au Burkina Faso en témoignent : un cadre de concertation entre paysans et intermédiaires commerciaux facilite l’acheminement des denrées vers les marchés. Au Sénégal, la coopérative Sell-Sellal commercialise des produits agroécologiques sur des marchés de niche à Dakar mais elle envisage également d’établir des liens d’affaires avec des bana-bana, nom donné aux intermédiaires commerciaux, pour écouler des quantités beaucoup plus grandes. Les commerçants sont intéressés par la qualité agroécologique des produits car elle améliore leur conservation. Karfa Diallo d’Enda Pronat, qui appuie la coopérative, explique : « Le marché de Thiaroye [l’un des plus gros de Dakar] est codifié et un niveau de qualité est attribué à chaque producteur. Les bana-bana savent s’ils peuvent s’engager sur de longues distances comme Touba, Kaolack ou Tambacounda. » Et comme le marché de Thiaroye est organisé en parcs par produit, Sell-Sellal va négocier avec les autorités locales pour avoir son propre parc de produits agroécologiques.

Collaborer avec les restauratrices de rue

La restauration de rue est accessible à toutes les classes sociales en Afrique de l’Ouest. En raison des prix de gros de l’approvisionnement et d’une utilisation rationalisée de l’énergie pour la cuisson, manger dans la rue est peu coûteux. Fatou Ndoye, chargée de programme alimentaire à Enda Graf Sahel au Sénégal précise : « Nous avons comparé le prix entre le couscous préparé chez soi et celui vendu dans la rue, la différence va du simple au double, voire parfois au triple. Cela revient plus cher d’acheter un petit sachet de couscous, de quoi faire de la sauce et de préparer. C’est pour cette raison que les populations pauvres se rabattent sur la restauration de rue. » Les projets qui tissent du lien entre les transformatrices et les restauratrices se multiplient.

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Cet article est extrait de la publication Les batailles du consommer local en Afrique de l'Ouest