En Afrique de l'Ouest : l'investissement d'impact dans les PME

Expertise de terrain
Langue(s) : Français
Filières : Multifilières
Pays : Burkina Faso Madagascar Sénégal

Hugues Vincent-Genod est responsable investissement chez Investisseurs & Partenaires (I&P). Prises de participation au capital, prêts à taux zéro, accompagnement rapproché des entrepreneurs, I&P conçoit plusieurs outils en fonction des besoins des PME et start-ups africaines. Il revient dans cet entretien sur les spécificités de l’investissement d’impact. Bien que ne finançant pas directement les coopératives, I&P a conscience de leur dynamisme et cherche à créer davantage de liens entre PME et coopératives par la création de produits à forte valeur ajoutée.

Un encadré donne aussi la parole à Claire Kaboré : l'expérience du Gret montre que, sous certaines conditions, "il est possible de mettre sur le marché des produits de qualité, accessibles aux plus pauvres".

En quoi consistent les activités d’Investisseurs et Partenaires ?

Créé il y a 18 ans, I&P est un fonds d’investissement qui a vocation à financer exclusivement des PME et des start-ups en Afrique, notamment en Afrique de l’Ouest. Notre objectif est d’identifier des entrepreneurs exerçant dans des pays où l’accès aux financements est le plus difficile et où les défis d’une PME sont nombreux. Aujourd’hui, nous sommes une équipe d’environ 80 personnes, répartie dans huit bureaux en Afrique (Dakar, Accra, Abidjan, Ouagadougou, Niamey, Douala, Antananarivo, Nairobi) et un à Paris.

Nous gérons un fonds total de 230 millions d’euros, réparti en plusieurs outils financiers. Nous investissons en prenant des parts au capital de PME ou bien nous accordons des prêts. Lorsque nous devenons actionnaires d’une PME, nous prenons généralement des parts entre 20 et 40 %. Nous restons toujours minoritaires, la plupart des entrepreneurs refusant de céder la majorité de leurs parts, mais aussi car I&P a un rôle d’accompagnateur et ne souhaite pas piloter l’entreprise à la place du dirigeant.

Grâce à nos équipes locales, nous accompagnons de près les entrepreneurs dans le développement de leur société. Chaque personne gère un portefeuille restreint d’entreprises.

Quels sont les outils financiers développés par I&P ?

Nous avons tout d’abord un outil pour les sociétés de taille moyenne, à la recherche de fonds entre 500 000 et 3 millions d’euros. Un second d’outil est destiné à investir dans des sociétés plus jeunes, ayant des besoins entre 50 000 € et 500 000 €. Ce sont généralement des sociétés qui ont une dizaine d’employés, peu organisées, elles ont donc besoin de beaucoup d’appui. Enfin, nous avons développé ces deux dernières années le Programme Accélération Sahel, soit des prêts à taux zéro allant de 10 000 à 60 000 €. Par cet outil, notre objectif est d’accompagner des sociétés qui ne sont pas encore totalement formalisées ou qui démarrent tout juste.

Dans le cas des prises de participation, nous accordons aussi des prêts aux entreprises pour financer ce dont elles auraient besoin pour croître. Nos prêts sont néanmoins très différents des prêts bancaires. Nous ne prenons pas de garanties et le taux d’intérêt du prêt dépend de la performance de l’entreprise : plus l’entreprise est performante, plus le prêt sera cher.

Quels sont les critères d’I&P lors de la prise de parts au capital d’une société ?

Le potentiel de développement d’une société et son positionnement très différencié par rapport à la concurrence (barrières à l’entrée stratégiques) sont des critères primordiaux. Nous n’investissons pas dans des entreprises qui ne se différencient pas nettement de l’existant et de la concurrence.

Concernant l’historique financier de la société, comme nous sommes plus investisseurs que prêteurs, nous pouvons accepter certaines difficultés (problème de rentabilité, marges peu importantes), à condition que la société puisse le justifier. Nous n’avons pas de critères fixes qui conditionnent notre investissement, y compris de chiffre d’affaires. Parfois, nous investissons dans des affaires qui n’ont pas encore démarré, parfois dans des sociétés plus performantes qui affichent entre 100 000 et 500 000 € de chiffre d’affaires annuel.

Ce qui est important pour nous est que l’entreprise présente un positionnement stratégique très fort, une forte capacité à faire croître le chiffre d’affaires. Si elle réalise 100 000 € de chiffre d’affaires lorsqu’on investit, nous aimerions qu’elle atteigne par exemple 1 million d’euros d’ici cinq ans.

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