Covid-19 et sécurité alimentaire et nutritionnelle au Bénin

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français
Thématiques : Faim et malnutrition, Impact des choix de consommation, Politiques agricoles et alimentaires

En 2021, l'ONG Actions pour l’environnement et le développement durable (Aced) publie une « étude exploratoire de l’impact de la pandémie de la Covid-19 sur le régime et le comportement alimentaire des ménages dans les villes de Porto-Novo, Abomey-Calavi, Bohicon et Comè ». À partir de diagnostics de terrain effectués dans ces villes situées dans et en dehors des cordons sanitaires installés pour limiter la propagation du virus, Aced formule des recommandations pour renforcer les systèmes alimentaires locaux.

Baisse de revenus et de diversité alimentaire

Lors de la première vague de la pandémie, les hommes ont perdu entre 10 821 et 21 575 FCFA de revenu mensuel, et les femmes entre 5 223 et 14 841 FCFA, baisse qui s’explique par une plus faible capacité de production. Malgré cela, la part du revenu mensuel consacrée à l’alimentation est restée inchangée, ce qui signifie une baisse du budget alimentaire.

La diversité alimentaire des populations à l’intérieur du cordon sanitaire (Abomey-Calavi et Porto-Novo) a largement diminué. La situation alimentaire était alors nettement plus précaire dans les villes à l’intérieur du cordon.

Chute de la consommation de produits importés

La consommation de produits locaux (céréales, légumes, fruits) est restée dominante dans les ménages urbains durant la pandémie. La disponibilité des produits locaux, ainsi que leur approvisionnement, même dans les villes situées dans le cordon, est restée stable. À l’inverse, la consommation de viande et de boissons (produits majoritairement importés) dans les villes d’Abomey-Calavi et Porto-Novo a diminué. Le lait et les œufs ont été également moins consommés dans les villes de Bohicon et Comè, situées hors du cordon.

Stockage de produits locaux 

Cette étude témoigne d’une plus grande vulnérabilité pour les ménages urbains dans le cordon sanitaire, les menant donc à mettre en place diverses stratégies pour faire face à cette crise. Ce ménages ont beaucoup pratiqué le stockage de produits locaux, via des « achats de panique », alors que les ménages hors du cordon y ont eu moins recours, étant plus facilement connectés aux zones de production des denrées locales.

Des recommandations fondées sur la promotion du consommer local et des mesures gouvernementales plus adaptées

Les interventions publiques devraient, entre autres, faciliter les stratégies de survie développées par les populations urbaines, en particulier le recours aux produits locaux. Pour cela, il est recommandé d’investir dans l’agriculture urbaine : maraîchage, jardins communautaires etc.

La promotion des produits locaux, au-delà de la lutte contre la pauvreté en zone rurale, rend les ménages urbains plus résilients.

En cas de nouvelle pandémie ou de reprise de celle-ci, le gouvernement béninois pourrait en outre proposer des aides aux ménages qui soient plus sensibles au genre et à la petite enfance, et mettre en place des mesures sociales plus adaptées en cas de réinstallation de cordon sanitaire.