Eugenia Gallese : "La question centrale des systèmes alimentaires est celle de l'accessibilité"

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français
Thématiques : Faim et malnutrition, Politiques agricoles et alimentaires

Eugenia Gallese, chargée de mission au Grdr, a participé à une enquête sur le système alimentaire de la ville de Kayes, au Mali. Elle révèle la diversité et la complexité des habitudes alimentaires des ménages de Kayes dans un contexte où produits locaux et produits importés se côtoient sur les étals des marchés.

Quelles sont les problématiques du système alimentaire de Kayes abordées dans cette étude ?

Le premier aspect est la question de l'accessibilité. Ce n'est pas du tout une spécificité de Kayes et plusieurs études et enquêtes l’ont déjà relevé dans d’autres zones urbaines d’Afrique de l’Ouest : la nourriture est souvent disponible sur les marchés mais les ménages, notamment les moins aisés, n’ont pas la capacité économique d’y accéder. Un autre élément récurrent est la déconnexion entre production et disponibilité. Dans la région de Kayes, la production de céréales pluviales (sorgho, mil) est excédentaire par rapport aux besoins. Pourtant, à peu près la moitié du mil et du sorgho que l’on trouve sur les marchés de la ville proviennent d’autres régions du pays.

Quels sont les habitudes alimentaires des Kayesiens ?

Nous avons identifié quatre groupes de ménages. La première différence entre ces groupes est la diversité alimentaire : deux groupes consomment une grande variété alimentaire et ont accès à l'ensemble des produits disponibles sur le marché. Ils représentent 47 % environ des ménages interviewés. À l’autre extrémité, ce sont des ménages avec une consommation très polarisée. Le cas des céréales est très parlant. Si le riz constitue la base alimentaire de tous les habitants, les deux groupes de ménages les plus aisés consomment aussi de manière significative les pâtes, le maïs, le mil, le sorgho, tandis que la consommation se polarise autour du riz et du maïs pour le troisième groupe et exclusivement sur le riz pour le quatrième.

La façon de se nourrir est donc un marqueur social ?

C’est ce que notre enquête suggère. Une partie des dépenses supplémentaires des ménages les plus aisés est destinée à des aliments de niche industriels. Mais les enquêtes qualitatives que nous avons menées avant et après l’enquête quantitative mettent aussi en évidence une appréciation particulière de la part de ces ménages pour les aliments locaux. Les ménages les plus fortunés sont ceux qui consomment le plus de produits industriels de niche mais sont aussi ceux qui consomment le plus de produits locaux.

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Marché central de Kayes, pôle urbain régional et cinquième ville du Mali © Grdr

Marché central de Kayes, pôle urbain régional et cinquième ville du Mali © Grdr

Cet article est extrait de la publication L'espoir au-delà des crises, solutions ouest-africaines pour des systèmes alimentaires durables, 3ème tome d'une série d'ouvrages collectifs édités par le programme Pafao. 

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