Bénin : Les produits du terroir n'ont pas dit leur dernier mot

Expertise de terrain
Langue(s) : Français
Filières : Elevage à cycle court
Pays : Bénin

Casimir Chokki est chargé de commercialisation pour la Fédération des unions de producteurs du Bénin (Fupro). Il accompagne les OP qui engagent des démarches qualité pour faire face à la concurrence des produits importés. Pour reconquérir le marché de la volaille, l’Union communale des producteurs de Zogbodomey a élaboré une stratégie de vente autour d’une race locale améliorée « Zado ».

Photo : Casimir Chokki, Fupro

Qu’est-ce que le poulet Zado ?

C’est une expérience pilote de l’Union des producteurs de Zogbodomey. Cette zone, spécialisée dans la production de volailles, approvisionne les trois grands centres urbains du pays (Cotonou, Bohicon et Abomey) en poulets de race locale, dits « bicyclettes ». Mais pour les fêtes, les consommateurs des classes moyennes leur préfèrent des poulets plus charnus. C’est pourquoi les aviculteurs ont commencé à produire une race locale améliorée : plus savoureuse que les volailles importées congelées, tout en étant aussi charnue.

Le but est aussi de respecter les normes d’hygiène et d’utiliser des aliments contenant peu d’intrants chimiques, afin de garantir la sécurité sanitaire. Un réseau de 30 producteurs s’est porté volontaire pour cette expérience : des naisseurs, qui vendent les poussins aux éleveurs finisseurs ou engraisseurs, lesquels vendent ensuite les poulets vivants aux consommateurs. L’objectif est de déposer une marque commerciale collective en enregistrant officiellement le nom « poulet Zado ».

Quel système de reconnaissance de la qualité et de l’origine vous semble le plus approprié ?

Mon avis est que nous allons vers un système de garantie participative. Mais ça n’empêche pas de chercher les caractéristiques de nos produits, liées au terroir, qui pourraient  donner lieu à une indication géographique (IG). La question des IG est très nouvelle ici, et assez complexe. Aujourd’hui le système participatif est plus adapté, on peut imaginer de faire participer les consommateurs au système de garantie et à l’évolution du cahier des charges. La réflexion sur les IG est pertinente dans une vision à long terme.

Les aviculteurs Zado parviennent-ils à satisfaire au poids minimal requis par le cahier des charges ?

Le fait d’utiliser le son de soja fait partie des innovations du projet. Cela valorise le son dont les femmes ne faisaient rien auparavant et diminue le coût de revient du poulet car cela réduit l’achat de l’aliment complet, très cher. Mais le son ne représente que 30 % de la ration alimentaire et les producteurs manquent parfois d’argent pour donner aux poulets suffisamment de nourriture et respecter le cahier des charges.

Quels sont les perspectives de ventes ?

En 2012, l’Union a vendu environ 1 000 poulets Zado, et en 2013, 1 200. Pour 2014, nous voulons en vendre 3 000. Nous livrons trois restaurants différents. Il y a une ébauche de contrat, mais dans les conditions actuelles, nous ne sommes pas en mesure de produire assez pour livrer chaque semaine les quantités demandées. Sur chaque poulet vendu à 2 500 FCFA, il y a 500 FCFA de bénéfice net, à partager entre naisseurs et finisseurs (chacun touche 250 FCFA). Les poulets qui ne répondent pas au cahier des charges Zado sont vendus sur les marchés locaux (1 500-1 700 FCFA) ou autoconsommés.

Les éleveurs Zado cultivent aussi du maïs, du soja, etc. L’idée pour nous est qu’ils se spécialisent davantage dans l’aviculture. Pour le moment, la pluriactivité permet aux producteurs de compléter le revenu, nous sommes seulement dans la phase expérimentale du projet.  [...]

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Propos recueillis le 30 mai 2014 par Gaëlle Le Gauyer.

Creuser le sujet :

- Film, Bénin, poulet morgue, 2014 

- Fiche innovation, Valorisation des produits locaux par l’origine et la qualité, 2014

- Sensibilisation, Le Poulet Plumé : jeu de rôle pour s'initier à la souveraineté alimentaire, 2010

- Film, Les cuisses blanches, 2008