La course mondiale aux terres africaines

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français
Thématiques : Agrobusiness

62 % des achats de terres arables par des investisseurs étrangers se font sur le sol africain. D’abord vu comme un vecteur de développement par les États et leurs partenaires financiers, l’ampleur du phénomène d’accaparement des terres les pousse aujourd’hui à freiner des quatre fers.

Photo © Justine Mounet

En 2012, déjà 754 transferts internationaux de terres, représentant 56,2 millions d’hectares de terres, avaient été recensés en Afrique, soit 4,8 % de la surface agricole du continent.

L’accaparement des terres s’inscrit dans un contexte mondial de rétrécissement de l’offre en terres arables, de stress hydrique croissant, et de hausse de la demande alimentaire (développement des classes moyennes urbaines). La crise des prix alimentaires de 2007-2008 a poussé les États dépendants des importations – pays du Golfe, Chine et Corée du Sud notamment  - à sécuriser leurs ressources alimentaires par l’achat de terres fertiles à l’étranger.

Le phénomène est également encouragé par le développement des agrocarburants. L’« or vert » est présenté comme un moyen de faire baisser la facture énergétique tout en réduisant la dépendance vis-à-vis des États pétroliers, le tout étiqueté « vert » : une aubaine. En réalité, la production d’agrocarburants s’accompagne d’une déforestation massive, provoque une hyperacidité des sols, la contamination de l’eau, faisant finalement augmenter les émissions de gaz à effet de serre qu’ils sont sensés faire diminuer.

L’accaparement a fini par être trop visible, déclenchant une vague de résistance. Ainsi en 2009, Marc Ravalomanana paya de son poste de Président de Madagascar son projet de cession de la moitié des terres arables malgaches au coréen Daewoo Logistics. La cession des terres était gratuite, les seuls bénéfices prévus étant la création d’emplois, de routes et d’infrastructures de stockage.

En principe, les terres cédées doivent être « vacantes », c’est-à-dire non exploitées et n’étant la propriété de personne, si ce n’est de l’État. Or il s’avère que la moitié des terres cédées en Afrique étaient utilisées par les communautés locales pour l’agriculture vivrière, et de nombreuses autres pour le pastoralisme et d’autres types d’utilisation des ressources naturelles.

Deux tiers des terrains cédés sont situés dans des pays ayant des problèmes majeurs de sous-alimentation. La majorité des États cédant leurs terres a une économie dominée par l’agriculture, souvent vivrière. Or les terres cédées sont d’abord les plus fertiles, celles qui sont irriguées et qui permettent l’accès aux marchés. 67,7 % des cultures sont destinées à l’exportation.

 

Pour plus d’informations :

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Brève, La Banque mondiale propose un plan de réforme foncière en Afrique

Étude, Nos voitures carburent-elles à la faim ?

Étude, GRAIN, Essorage de l’Afrique : chaque accaparement des terres cache un accaparement de ressources en eau

Étude, FAO, Accaparement des terres ou opportunité de développement ?