Etude d'impact des marchés institutionnels agricoles dans la région des Cascades

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français
Thématiques : Politiques agricoles et alimentaires

 Depuis 2017, un arrêté donne la priorité aux produits alimentaires locaux dans les achats des institutions publiques burkinabé. La Confédération paysanne du Faso (CPF), Acting for life (AFL) et Inades Formation ont mené un projet d'information et de concertation dans la région des Cascades pour que les organisations paysannes (OP) puissent approvisionner directement le marché des cantines scolaires (Amiagri). Cette étude fait le point sur les premiers bénéfices de l'ouverture de ce marché aux OP et sur les défis restants. 

De nouveaux partenariats et marchés pour les OP de la région des Cascades

La région des Cascades regroupe environ 4 % des enfants scolarisés du Burkina Faso. Dans le cadre du projet d'"Accompagnement des acteurs de l'offre et de la demande sur les marchés institutionnels agricoles" (Amiagri), les OP de la région des Cascades se sont mises en réseau pour développer leurs marchés avec les institutions : les mairies qui gèrent les fonds publics destinés aux cantines scolaires mais aussi le Programme alimentaire mondial (Pam), l'ONG Save the Children, la Croix Rouge, la Société nationale de gestion des stocks de sécurité alimentaire du Burkina (Sonagess) et Agroserv (industrie qui approvisionne les brasseries en gritz de maïs).

Huit OP de la région leur ont vendu directement sur la période 2019-2020 du riz, du niébé, de l'huile, du maïs et de la farine infantile pour une valeur de plus de 914 millions de FCFA avec une marge bénéficiaire de plus 186 millions de FCFA. Des opérations de sensibilisation des acteurs de l'offre leur ont permis de décrocher ces contrats.

Au plan national, progression des produits locaux, sans certitude sur les retombées

La région des Cascades ne regroupe qu'environ 4 % des enfants scolarisés du Burkina Faso.

Sur le plan national, la proportion de produits locaux s'est rapidement accrue entre 2018 et 2020 : de 73 à 95 % du budget total destiné à l'acquisition de vivres pour les cantines. Néanmoins, ces données nationales ne permettent pas de savoir quels sont les opérateurs qui ont remporté les marchés. Bien qu'il s'agissent de produits locaux, les producteurs et productrices en profitent réellement de ce marché que lorsque les produits ont été livrés directement aux institutions par leurs organisations.

Premiers impacts de ces circuits courts dans la région des Cascades

Des changements majeurs ont été enregistrés  sur le terrain. Il s'agit entre autres de l'adhésion consciente à la consommation des produits locaux par les enseignants et élèves, de l'accroissement de l'autofinancement et des possibilités de crédits de campagne au sein des OP, de l'engagement des OP dans des démarches qualité, de la mise en place du réseau "Nafa Sira" pour la conquête effective des marchés institutionnels. 

Du point de vue environnemental, il a été calculé que l'approvisionnement en riz des OP de la région des Cascades plutôt que du Pakistan a évité le rejet de 2 033 tonnes de CO2. 

Mais les véritables contraintes pour l'accès des OP aux marchés institutionnels sont d'ordre structurelles 

Les véritables contraintes (unicité des lots, non respect des textes en vigueur, corruption, etc. ) ne peuvent être dépassées que grâce à des solutions à rechercher au niveau national.  Il convient de faire converger les ressources, dans la lignée du CIR-B, qui a engagé un plaidoyer auprès de l'Assemblée nationale en 2020 pour l'élaboration d'une loi sur les achats institutionnels de produits agro-sylvo-pastoraux, halieutiques et fauniques au Burkina Faso, afin de mieux encadrer la mise en œuvre de ces marchés au profit des OP.

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