« Cantines scolaires béninoises, nourrissez nos enfants avec notre riz local ! »

Le 24 et le 25 novembre 2022 s’est tenu à Cotonou (Bénin) le deuxième atelier régional du dispositif ‘’animation-pays’’ dédié à l’approvisionnement des cantines scolaires en produits locaux. L’événement a été organisé par le CFSI, Inter-réseaux et la Plateforme nationale des organisations paysannes et de producteurs agricoles du Bénin (Pnoppa-Bénin) avec le concours de l’Interprofession de la filière riz du Bénin (Ifriz).

Une rencontre multi-acteurs et multi-pays

Pour le Bénin, l’atelier a réuni :

  • les représentants institutionnels de l’alimentation scolaire béninois : ministère de l'Agriculture, de l'Élevage et de la Pêche (MAEP), ministère du Développement et de la coordination de l'action gouvernementale ;
  • le Pam, chargé depuis 2016 de la mise en œuvre du programme national d’alimentation scolaire intégré (Pnasi) au Bénin ;
  • les acteurs de la filière riz de la sous-région ainsi que ceux du Bénin regroupés au sein de l’Ifriz.

Le sujet de l’alimentation scolaire en circuits courts est porté au niveau sous-régional par le Réseau des organisations paysannes et de producteurs de l'Afrique de l'Ouest  (Roppa) qui avait fait le déplacement avec ses plateformes nationales béninoise, burkinabèsénégalaise et togolaise , des ONG du Burkina Faso, du Sénégal et du Togo, ainsi que les cadres de concertation des filières riz du Burkina Faso, du Mali et du Niger.

Participants au 2ème atelier régional sur l'approvisionnement des cantines scolaires en produits locaux

 

Une année de plaidoyer pour la filière riz du Bénin

Un atelier national béninois, organisé au début de l’année, avait déjà été l’occasion d’alerter sur la consommation de riz importé dans les cantines du pays dont la gestion a été confiée au Pam. Alors même que fin 2020, le Pam s’était engagé à réserver une quote-part d’achat au riz et à l’huile produits au Bénin, le constat un an plus tard était que les tentatives de fourniture du riz local aux cantines scolaires se sont toutes soldées par un échec.

Suite aux séances de dialogue avec le ministère du Développement et de la coordination de l’action gouvernementale (chargé du pilotage du Pnasi), le MAEP et le Pam en mars 2022, la Pnoppa-Bénin a obtenu du Ministère l’engagement d’approvisionner les cantines à hauteur de 75 % au minimum en riz local. La mesure devait prendre effet dès la rentrée scolaire 2022-2023 avant de passer à 100 % à partir de 2025. Le ministère de l’Enseignement maternel et primaire a organisé en avril 2022, un atelier pour identifier les conditions de réussite de cet engagement.  À l’issue de cette rencontre, une feuille de route a été adoptée par l’ensemble des parties prenantes en vue de lever les contraintes liées à l’approvisionnement des cantines en produits locaux.

Mettre les producteurs au cœur des programmes d’alimentation scolaire

Après un rappel de ce processus par la Pnoppa-Bénin dans la matinée de la première journée, les acteurs des trois autres pays (Burkina Faso, Sénégal et Togo) ont été conviés à partager les avancées dans leurs pays respectifs depuis l’atelier de Dakar (décembre 2021). Les problématiques communes aux 4 pays sont la pérennisation des mesures et des financements, qui ne devraient plus être dépendants de partenaires extérieurs.

Côté béninois, la Pnoppa-Bénin a reconnu la forte implication de l’État dans la mise en œuvre des cantines (budget de 153 milliards de FCFA de 2018 à 2026 pour financer l’achat des denrées et les mécanismes de suivi du programme). Elle a néanmoins regretté l’absence des organisations de producteurs agricoles (OPA) dans le dispositif de pilotage du programme national d’alimentation scolaire. La plateforme estime que cette situation empêche les producteurs de défendre leurs intérêts et de faire des propositions pour une meilleure organisation de l’offre des produits agricoles locaux.

Lors de la seconde journée, le dialogue entre acteurs du secteur privé (Ifriz, Pnoppa) et du public (ministre de l'Agriculture, ministère du Développement et le Pam) a été facilité. Suite à ces échanges, et même si un horizon n’a pas été fixé, le Pam s’est lui aussi engagé sur cet objectif de 100 % de produits achetés sur le marché local. Un compte-rendu recensant les engagements des uns et des autres a été rédigé et attend d'être ratifié par les parties prenantes pour leur concrétisation.

CFSI, janvier 2023

 

Pour aller plus loin :