Au Bénin : construire l'offre de légumes agroécologiques

Expertise de terrain
Langue(s) : Français
Filières : Légumes
Pays : Bénin

Cotonou est situé entre l’Atlantique et le lac Nokoué où les jacinthes d’eau prolifèrent. Donald Houessou est le directeur de l'ONG Aced qui accompagne les maraîchers dans le compostage de cette plante pour produire sans engrais chimiques. Aced travaille à construire des débouchés commerciaux sûrs en s’appuyant sur le caractère local et la qualité.

Comment s’est créée la filière de légumes produits à partir du compost de jacinthes ?

Nous avons proposé une petite innovation pour combattre la prolifération de la jacinthe d’eau sur le lac Nokoué : le compostage de cette plante. En 2013, nous avons démarré une phase pilote avec 200 maraîchers, grâce à l’appui du Fonds français pour l’environnement mondial, de la Fondation Veolia et de l’Union internationale pour la conservation de la nature. Notre partenaire technique était l’ONG française Gevalor, spécialisée dans la valorisation des déchets ménagers.

Malgré de très bons résultats au niveau de la production, trois défis se posaient : la pénibilité du ramassage de la jacinthe d’eau ; la rationalisation de l’utilisation du compost (le maraîchage demande de grandes quantités de fertilisants, mais les cultures ont des besoins différents en azote, phosphore, etc. qu’il fallait définir) ; le marketing pour faire connaître les légumes fruits et feuilles produits sans engrais chimiques qui se conservent mieux.

Dans la deuxième phase (2015-2017), nous avons été appuyés par le Comité français pour la solidarité internationale (CFSI) et la Fondation de France. Nous avons expérimenté une nouvelle technique avec des filets pour ramasser plus de jacinthes, tout en mobilisant moins de personnes sur le lac. Nous avons également identifié les trois principales cultures maraîchères : tomate, piment et amarante, et avec l’Université et les maraîchers, nous avons recherché en milieu paysan les dosages optimaux de compost pendant 9 mois.

Ensuite, grâce à des démarches auprès des autorités locales, nous avons obtenu un espace dédié sur le marché le plus proche (Akassato) avec un hangar où les maraichers que nous appuyons vendent directement aux consommateurs. En outre, nous avons développé quelques outils marketing (bâche collée au hangar, messages à la radio) pour mieux faire connaitre les produits aux consommateurs. Les maraîchers ont eu beaucoup de succès puisque les clients constataient la qualité des légumes et l’allongement de la durée de conservation. Deux anecdotes sont révélatrices : d’autres maraîchers se sont parfois servis du hangar pour faire passer leurs produits pour agroécologiques ; une autre fois, la bâche a été déchirée et volée par jalousie. Cela montre la pertinence de la production agroécologique !

Nous avons alors sollicité le « Coup de pouce à la construction d’une stratégie de changement d’échelle » car notre double innovation « agroécologie/circuits courts » avait du potentiel.

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