Qui a le pouvoir ? Revoir les règles du jeu pour plus d’équité dans les filières agricoles

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français
Thématiques : Agrobusiness, Commerce international

Cette étude du Basic explore les modèles de concentration du pouvoir dans les filières alimentaires, les pratiques commerciales déloyales et leurs conséquences sur le développement des pays du Sud.

Une concentration structurelle

La concentration du pouvoir au sein des filières agricoles entraine des écarts de plus en plus importants entre les prix aux producteurs et les prix aux consommateurs. Quelques fournisseurs d’intrants,  négociants, fabricants et  distributeurs internationaux contrôlent les chaines d’approvisionnement. Ces acteurs « intermédiaires » peu nombreux, alors que les producteurs et les consommateurs sont atomisés, fixent leurs règles.

Pression sur les producteurs

L’étude identifie 4 modèles de gouvernance des chaines d’approvisionnement: le modèle hiérarchique (filière banane), captif (filière canne à sucre), modulaire (filière cacao) ou relationnel (filière café). Dans les quatre cas, la répartition du pouvoir entre les acteurs intermédiaires diffèrent mais les conséquences pour les producteurs sont les mêmes : pression accrue sur les prix, intensification de l’activité agricole pour répondre aux exigences de rentabilité et dégradation des conditions de travail des producteurs ou des ouvriers agricoles. Les acteurs intermédiaires captent la majorité de la valeur économique des filières et dictent les prix.  Forts de leur pouvoir, ils ont également recours à des pratiques commerciales déloyales avec des conséquences socio-environnementales dévastatrices. La concentration du pouvoir maintient dans la pauvreté des millions d’agriculteurs.

Des initiatives de régulation insuffisantes

En Europe, peu de moyens  légaux permettent d’encadrer cette concentration. Le cadre du droit à la concurrence européenne, principal instrument de régulation, est largement en faveur des droits des consommateurs, oubliant le bien-être des producteurs et des travailleurs ruraux. Il n’y a pas de réelle force de frappe contre les pratiques commerciales déloyales. Les initiatives privées de régulation existent, comme le commerce équitable. Ces expériences démontrent que des engagements peuvent être pris par les acteurs de la filière et qu’une régulation des relations de pouvoir est possible. Ces initiatives forment une base pertinente pour résoudre les problèmes.

Rééquilibrer le rapport de force, une nécessité

Face à un tel constat, plusieurs recommandations sont identifiées pour mettre fin à la concentration abusive du pouvoir :

=> rééquilibrer les rapports de force dans les chaines agricoles ;

=> développer la transparence dans les filières ;

=> renouveler le cadre du droit européen de la concurrence ;

=> construire des mécanismes de lutte contre les pratiques commerciales déloyales ;

=> développer des filières de commerce équitable et appliquer ses principes.

Etude publiée par Altermondes dans son dossier "Filières agroalimentaires, les relations dangereuses"

 

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