"Notre terre, notre vie", halte à la ruée mondiale sur les terres !

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français

Oxfam lance un cri d'alarme : les superficies vendues depuis dix ans par les pays du sud permettraient de nourrir un milliard d'humains, autant que de personnes souffrant de la faim dans le monde.

Photo : Deux campesinos à Sayaxché, nord du Guatemala © Pablo Tosco / Intermón Oxfam

Les deux tiers des investissements fonciers ont lieu dans des pays où la faim est un problème grave. Mais paradoxalement, les terres acquises ne servent que très rarement à la satisfaction des besoins alimentaires locaux. Soit elles restent en friche en attendant que leur valeur augmente, soit elles sont consacrées à des cultures d'exportation, souvent en vue de produire des agrocarburants. Au Libéria par exemple, ce sont plus de 30 % des terres qui ont été attribuées sous forme de concessions d'envergure ces 5 dernières années, avec souvent des conséquences désastreuses pour les libériens.

L'économie mondiale doit tripler d'ici 2050 selon les prévisions, les pressions sur les ressources vont donc s'accentuer.

Oxfam demande à la Banque mondiale, la plus grande organisation de développement du monde, de donner l'exemple en instaurant un gel temporaire sur les investissements englobant des acquisitions de terres à grande échelle, de façon analogue à ce qui a déjà été fait par certains gouvernements comme le Mozambique ou le Cambodge. La Banque mondiale joue en effet un rôle essentiel dans les acquisitions de terres, à plus d'un titre:

- source de soutien financier direct pour les investissements fonciers;

- conseiller des gouvernements des pays en développement;

- organisme chargé de formuler des normes suivies par les autres investisseurs.

Pour Oxfam, le gel demandé doit permettre d'avancer dans quatre domaines clefs :

- la bonne gouvernance foncière (avec en particulier, des réformes de sécurisation des droits fonciers dans les PED) ;

- la transparence (les communautés locales ont besoin d'être aidées à accéder aux informations sur le projet sans crainte de représailles) ;

- le CLIP ou Consentement Libre, Informé et Préalable (les peuples autochtones ont droit au CLIP tel que stipulé dans le droit international des droits de l'homme) ;

- la sécurité alimentaire : les investissements dans les terres agricoles devraient avoir un impact positifs sur les moyens de subsistance des petits producteurs.