Les terres d’Amérique latine passent aux mains d’intérêts étrangers

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français

Une étude de la FAO note, dans 17 pays d’Amérique latine et des Caraïbes*, une concentration intense des terres agricoles aux mains de grands propriétaires et la forte présence d’intérêts étrangers lors de leurs acquisitions. Bien que l’achat de terres destinées à la production alimentaire par des étrangers est un phénomène observé principalement en Argentine et au Brésil, l’intérêt pour de telles transactions se porte sur toute l’Amérique latine. 

Selon le professeur de l’Institut d’études sociales de La Haye, Saturnino Borras, consultant de la FAO chargé d’analyser les 17 études présentées à ce sujet, il y a « une augmentation de l’intérêt pour les terres de la région autant sur le plan de l’investissement que sur celui de l’acquisition ».

Pour sa part, la spécialiste en développement rural, Martine Dirven, considère qu’en Amérique du Sud une forte proportion des terres sont dans les mains de propriétaires étrangers. « En dix ans, le prix des terres uruguayennes a septuplé et un important mouvement de concentration de la propriété terrienne a été observé en Amérique latine », a-t-elle noté.

Le directeur du Centre péruvien d’études sociales (CEPES), Fernando Eguren, explique que la concentration de la propriété n’est pas seulement un phénomène économique : il s’agit également de la concentration de l’influence et du pouvoir politique dans les zones touchées. « Cela affecte la démocratie », a-t-il dénoncé. Pour lui, l’importante concentration des terres qui caractérise l’Amérique latine est un héritage colonial. Les latifundiaires ont disparu, mais ils ont cédé la place à des entreprise modernes se consacrant le plus souvent à l’exportation ou à la production de biocarburants, avec une présence variable de capitaux étrangers.

Progression des biocarburants

Sur les 71 millions d’hectares observés ayant fait l’objet de transactions, 22% concernaient l’industrie minière, tandis que les trois-quarts du reste étaient destinés aux biocarburants.

Impact sur les petits agriculteurs et de l'emploiSelon Martine Dirven, on observe une diminution des petits producteurs dans les pays du MERCOSUR. "En termes d'emploi, beaucoup de ces grandes opérations recours au travail différent, plus qualifié, mais beaucoup moins que de nombreuses petites fermes», a expliqué Dirven.Pays andins: concentration de la propriété axée sur les exportationsSelon Fernando Eguren, qui a présenté les études de la FAO axée sur la région andine, il ya un phénomène conduit par des investisseurs nationaux », souvent aussi avec une participation étrangère, mais fondamentalement il s'agit d'une concentration dynamique interne de l'appropriation nationale d'un entièrement orientée exportations agricoles ", at-il dit. "C'est créant une série de problèmes et des inégalités, une grande influence sur la direction de la modernisation de l'agriculture, laissant de côté les préoccupations concernant la sécurité alimentaire et le développement de l'agriculture familiale», a déclaré Eguren

*l’Argentine, le Brésil, la Bolivie, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, l’Équateur, le Guatemala, le Guyana, le Mexique, le Nicaragua, le Panama, le Paraguay, le Pérou, la République dominicaine, Trinité-et-Tobago et l’Uruguay.

Voir aussi le nouveau rapport de la coalition intenationale pour l'accès à la Terre (ILC)