L’utilisation des politiques de prix pour la promotion d’une alimentation plus saine

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Anglais
Thématiques : Politiques agricoles et alimentaires

Dans ce rapport, le Bureau régional pour l’Europe de l’Organisation mondiale de la santé (OMS Europe) démontre que les politiques de prix peuvent en effet faire la promotion de régimes alimentaires plus sains.

Le rapport arrive à cette conclusion sur la base de l’analyse d’exemples de politiques de prix au Danemark, en Finlande, en France et en Hongrie, ainsi que du Programme européen en faveur de la consommation de fruits à l’école. Sur les cinq politiques analysées, quatre consistaient à appliquer une taxe sur des produits alimentaires malsains afin de décourager les consommateurs de les acheter :

- au Danemark, une taxe sur les matières grasses saturées appliquée sur tous les produits alimentaires qui en contiennent (par exemple la viande, les produits laitiers, les huiles et graisses végétales, la margarine et les beurres à tartiner) ; - En Finlande, une taxe sur les bonbons, les glaces et les boissons gazeuses sucrées, appliquée à un nombre limité de produits ; - En France, une taxe sur toutes les boissons non-alcoolisées et les boissons gazeuses avec ajout de sucre ou d’édulcorant ; - En Hongrie, une taxe sur les boissons sucrées, les boissons énergétiques, la confiserie, les biscuits salés, les condiments et les alcools et confitures aromatisées.

La cinquième politique consistait en un programme subventionné de distribution de fruits et légumes dans les écoles. Ce programme concerne plus de huit millions d’enfants dans 54.000 écoles dans 25 pays d’Europe.

Dans chacun de ces cas, la politique était justifiée par le coût sanitaire élevé de la consommation de produits malsains.

D’après le rapport, « il est prouvé, avec un bon niveau de confiance, que tant les consommateurs individuels que les groupes de population répondent comme prévu, et que les taxes et subventions ciblées ont le potentiel d’influencer les décisions prises par les consommateurs et peuvent être utilisées pour donner des incitations en faveur d’une consommation saine de la part de la population… L’importance et la nature de l’effet varie de façon significative, cependant, en fonction de l’ampleur et des produits concernés par la modification du prix ».

Il est aussi prouvé que la modification de la consommation induite par les taxes et les subventions n’est pas durable, dans la mesure où elle ne persiste pas une fois que les taxes ou subventions sont supprimées.

Une des préoccupations majeures mentionnées par l’étude est que les taxes sont régressives, c’est-à-dire qu’elles frappent relativement plus les pauvres que les riches, étant donnée la part variable du budget alimentaire dans le budget total des ménages (plus grande pour les pauvres que pour les riches). Cela signifie que les taxes coûtent relativement plus aux pauvres qu’aux riches, mais elles ont également tendance à avoir plus d’effet sur la consommation des pauvres que sur celle des riches. Ainsi, la nature régressive de la taxe pourrait être au moins en partie compensée par la nature progressive des bénéfices allant aux consommateurs en terme de meilleure santé.

L’étude tire un certain nombre de conclusions sur le niveau « optimal » de la taxation et la façon la plus efficace de l’appliquer. Pour Materne Maetz, ancien expert de la FAO qui anime le blog lafaimexpliquee.org, il est possible de formuler plusieurs suggestions sur la base des conclusions positives du rapport :

- pour éviter ou limiter au minimum l’impact régressif de ces politiques, il serait souhaitable d’envisager de combiner une taxation des nourritures malsaines avec des subventions sur les nourriture saines, le revenu collecté avec la taxe servant à financer les subventions ;- il faudrait songer à appliquer de façon similaire des taxes sur des aliments qui ne sont pas produits selon des techniques durables, et des subventions sur la nourriture qui est produite selon des pratiques durables.

En combinant ces deux ensembles de politiques, il devrait être possible d’améliorer progressivement le système "alimentation, environnement et santé" qui, à l’heure actuelle, est dans un état déplorable.