L'explosion des maladies non transmissibles, nouvelle crise en vue

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français
Thématiques : Faim et malnutrition, Impact des choix de consommation

Eliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable, la formulation du deuxième objectif de développement durable (ODD) questionne directement la durabilité des systèmes alimentaires actuels. Un sujet particulièrement brûlant en Afrique de l’Ouest, où les MNT, ces maladies non transmissibles liées à l’alimentation et aux modes de vie, explosent. Que faire quand les habitudes alimentaires menacent directement la santé des populations ?

« Désormais ce sont différentes formes de malnutrition qui cohabitent », explique Sophie Renault, chargée de mission nutrition au Gret : « À Ouagadougou, Niamey ou Bamako, la sous-nutrition persiste, avec des carences en vitamines et minéraux, mais les populations souffrent également de surpoids, d'obésité et d’autres facteurs de risque comme l'hypertension artérielle, l’hyperglycémie. Elles sont par conséquent particulièrement exposées aux maladies non transmissibles comme le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires. »

Un double fardeau nutritionnel qui touche particulièrement les femmes et les enfants, signe des changements rapides qui se produisent au niveau des systèmes alimentaires des pays, relève l’ouvrage Se nourrir en ville au Sahel. Les chiffres sont édifiants : à Bamako et Niamey, une femme sur deux est en surpoids ou obèse, et « à Bamako, 47 % des enfants de neuf à onze mois consomment régulièrement des sodas et 33 % mangent des chips une à plusieurs fois par semaine. C'est très prégnant et extrêmement inquiétant », avertit Sophie Renault. « Il faut garder en tête qu’il y a un grand nombre de facteurs qui influencent les pratiques alimentaires. La connaissance des risques associés à un déséquilibre ou à un manque de diversité alimentaire est un facteur important. Mais il y a aussi l’influence ou le soutien de l'entourage, l'environnement alimentaire, avec par exemple beaucoup de publicités dans les villes pour des aliments qui se consomment rapidement, souvent particulièrement gras, très salés (chips) ou vraiment très sucrés (sodas). Il est assez complexe de comprendre tous les déterminants de ces pratiques. L’idée est de développer des messages et stratégies qui ne sont pas culpabilisants mais qui cherchent d'autres leviers d'action pour inciter à adopter des comportements sains. »

« On fait face à une bombe à retardement pour la jeunesse »

Il y a urgence. La récente étude AgriSaN Bamako, coordonnée par l’Institut de recherche pour le développement (IRD), montre que les systèmes alimentaires actuels de la capitale malienne n’ont rien de sain pour les Bamakois. « On note dans les villes un très fort changement de régime alimentaire et une transition vers des régimes riches et déséquilibrés, avec nombre de supermarchés vendant des produits ultra-transformés, et la prolifération des fast-foods type kebab et hamburger. On sait que c'est une bombe à retardement pour la jeunesse », explique Yves Kameli, ingénieur de recherche en nutrition à l’IRD. [...]

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Action de sensibilisation de l'ONG Santé Diabète au Mali. © Gil CorreAction de sensibilisation de l'ONG Santé Diabète au Mali. © Gil Corre

Cet article est extrait de la publication L'espoir au-delà des crises, solutions ouest-africaines pour des systèmes alimentaires durables, 3ème tome d'une série d'ouvrages collectifs édités par le programme Pafao. 

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