L’état de la sécurité alimentaire dans le monde – rapport 2023

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français
Thématiques : Faim et malnutrition, Politiques agricoles et alimentaires

Trois organisations des Nations Unies (FAO, PAM et FIDA) publient  annuellement "L'état de la sécurité alimentaire dans le monde". Bien que les chiffres relatifs à la faim dans le monde soient demeurés stables entre 2021 et 2022, la population subit une crise alimentaire qui s’aggrave à de nombreux endroits. Environ 735 millions de personnes souffrent actuellement de la faim, contre 613 millions en 2019.

Conflits et crise sanitaire

L’édition 2023 du rapport de la FAO révèle qu’entre 691 millions et 783 millions de personnes ont souffert de la faim en 2022. Si l’on considère la moyenne, qui s’établit à 735 millions, cela représente une augmentation de 122 millions par rapport à 2019, avant la pandémie de Covid-19.

Si la reprise économique après la pandémie a contribué à endiguer la faim, du moins au niveau mondial, les répercussions mondiales de la guerre en Ukraine et la hausse des prix, les conflits et les phénomènes météorologiques ont grandement atténué ses effets.

La faim a régressé en Asie et en Amérique latine, mais a continué à gagner du terrain en Asie de l’Ouest, dans les Caraïbes et dans toutes les sous-régions d’Afrique. L’Afrique est encore la région la plus touchée : 1 personne sur 5 souffre de la faim sur ce continent, soit plus du double de la moyenne mondiale.

900 millions de personnes en situation d'insécurité alimentaire grave

La situation en matière de sécurité alimentaire et de nutrition est restée préoccupante en 2022. Le rapport indique qu’environ 2,4 milliards de personnes ne bénéficiait pas d’un accès constant à des aliments. Parmi elles, 900 millions étaient en situation d’insécurité alimentaire grave. Cette insécurité touche plus les femmes que les hommes.

La malnutrition infantile est encore très élevée : en 2022, 148 millions d'enfants de moins de 5 ans présentaient un retard de croissance et 37 millions étaient en surpoids. En revanche, l’allaitement maternel exclusif a progressé : actuellement, 48% des nourrissons de moins de 6 mois en bénéficient, ce qui est proche de la cible fixée pour 2025. Il n’en demeure pas moins que des efforts concertés seront nécessaires pour atteindre les cibles relatives à la malnutrition à l’horizon 2030.

L'urbanisation fait évoluer les systèmes agroalimentaires

D'ici à 2050, près de 7 personnes sur 10 vivront en ville : cette urbanisation croissante entraîne des changements dans les systèmes agroalimentaires sur l’ensemble du continuum rural-urbain. 

La disponibilité accrue d’aliments moins chers et transformés, dont la plupart sont riches en graisses, en sucres et/ou en sel, le manque de fruits et légumes, l’exclusion des petits agriculteurs des chaînes de valeur structurées et l'artificialisation des terres agricoles sont autant d'effets négatifs apportés par l'urbanisation. Mais l'urbanisation s’accompagne également de possibilités, étant donné qu’elle donne naissance à des chaînes de valeur alimentaires plus longues, plus structurées et plus complexes qui permettent à des activités rémunératrices non agricoles de se développer, en particulier pour les femmes et les jeunes, tout en diversifiant les aliments nutritifs.

Des inégalités spatiales qui perdurent

Le rapport montre également que la dichotomie rural/urbain est à relativiser sous certains aspects, notamment concernant les comportements liés aux achats alimentaires. Le rapport indique que les achats d’aliments sont importants non seulement dans les foyers urbains mais aussi tout le long du continuum rural-urbain, y compris chez les ménages qui résident loin d’un centre urbain. De nouveaux éléments montrent aussi que, dans plusieurs pays, la consommation d’aliments hautement transformés augmente également dans les zones périurbaines et les zones rurales.

Néanmoins, certains inégalités spatiales demeurent. L’insécurité alimentaire touche davantage les personnes qui vivent en milieu rural (33% des adultes contre 26% en zone urbaine). La malnutrition chez les enfants présente également des particularités spatiales : la prévalence du retard de croissance et de l'émaciation est plus élevée dans les zones rurales que dans les zones urbaines, tandis que l’excès pondéral est légèrement plus présent en ville que dans les campagnes.

 

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