Intensifier les commandes publiques de produits agricoles locaux

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français
Thématiques : Politiques agricoles et alimentaires

A ide d’urgence, stocks de sécurité, approvisionnement des cantines scolaires et des administrations, les États sont régulièrement amenés à réaliser des achats de denrées. Depuis une vingtaine d’années, les gouvernements et les organisations internationales ont pris conscience de l’intérêt de privilégier les produits locaux, tout particulièrement si la commande est passée auprès des organisations paysannes.

Si une organisation paysanne (OP) a l’opportunité de répondre directement à une commande publique, elle sécurise ses débouchés avec un client fiable et un conditionnement en vrac peu coûteux. Mais surtout, elle peut monter en compétences sur la qualité et la vente groupée. Même si les commandes concernent des volumes importants et le respect d’un cahier des charges plus lourd, Maïmouna Ouedraogo, secrétaire permanente de l’Union des producteurs de riz du Burkina Faso (UNPRB), confirme cet intérêt : « L’objectif premier n’est pas le chiffre d’affaires, mais d’obtenir un fonds rémunérateur qui va permettre d'améliorer les conditions de vie de l'ensemble des maillons de la filière. » Pour Jacob Kiema, de la Confédération paysanne du Faso, les marchés publics présentent aussi moins de risques financiers : « Ces commandes institutionnelles sont un moyen d’écouler les stocks avec un paiement garanti, même s’il est tardif, dû notamment au contrôle qualité. En comparaison, les ventes aux commerçants-grossistes sont sur des quantités limitées, généralement à crédit, avec un risque pour l’organisation paysanne de ne pas être payée. »

Structuration des filières et professionnalisation des acteurs

La collaboration avec les institutions publiques a un effet de structuration de toute la filière. C’est par exemple le cas de la filière riz en Guinée où des unions d’étuveuses de riz se sont regroupées pour répondre à une commande du Programme alimentaire mondial (Pam) de 400 000 euros, et où tous les maillons de la filière se sont coordonnés (producteurs, décortiqueurs, étuveuses). Au Niger, grâce à la commande institutionnelle, la Fédération des unions des coopératives des producteurs de riz (Fucopri) a amélioré le taux de recouvrement de la redevance due par ses adhérents. Ou encore, au Burkina Faso, plusieurs OP notent un gain de crédibilité vis-à-vis des institutions de crédit grâce aux commandes du Pam. Enfin, la commande institutionnelle peut constituer une première expérience de contractualisation pour les petits producteurs et leurs organisations. Ils peuvent aussi monter en compétences sur la négociation des contrats et des prix et développer des démarches qualité. [...] Voir l'article complet

© Martin Demay / Rasca Productions

Photo : Cantine au Burkina Faso/ Les communes gèrent les approvisionnements pour l'alimentation scolaire et la loi favorise les circuits courts en les autorisant à passer des conventions directes avec les organisations paysannes

Cet article est extrait de la publication L'espoir au-delà des crises, solutions ouest-africaines pour des systèmes alimentaires durables, 3ème tome d'une série d'ouvrages collectifs édités par le programme Pafao. 

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