« Framing Hunger » – des universitaires américains préoccupés par la façon dont sont présentés les chiffres de la faim

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Anglais
Thématiques : Faim et malnutrition

En mars 2013, un groupe d'universitaires nord-américains a soumis au Directeur général  de la FAO, José Graziano da Silva, certaines critiques sur les messages clés de l'édition 2012 du rapport L’insécurité alimentaire dans le monde. Après des échanges avec les principaux dirigeants de la FAO, ils ont modifié et rendu public leur position, qui tient compte des informations complémentaires obtenues. Les auteurs précisent qu’ils apprécient le travail essentiel de l’organisation, surtout dans son soutien à l’agriculture familiale durable.

Voici cependant leurs préoccupations :

- le rapport affiche un progrès mondial dans la lutte contre la faim qui masque les fortes disparités entre les pays (la Chine et le Viet Nam représentent 91 % de la baisse à eux seuls). Il pourrait aussi laisser penser qu’un retour à la tendance antérieure à 2007 est suffisant pour atteindre les objectifs de baisse du nombre de personnes souffrant de la faim. Ce message les inquiète car il passe sous silence l’aggravation des inégalités dans la plupart des pays et la dégradation de la situation dans les pays les moins avancés (PMA).

- la FAO fonde son estimation de 868 millions d’affamés sur le nombre de calories nécessaires à un mode de vie sédentaire, alors qu’avec une activité intense, le chiffre passe à 2,5 milliards (voir Des chiffres et des faits sur la faim dans le monde  sur la révision du monde de calcul en 2012).

l’estimation, qui est perçue comme complète par le public, ne tient pas compte de l’impact de la hausse des prix alimentaires, ni de la crise économique.

=> Les auteurs craignent que le public ne prenne pas l’estimation de 868 millions pour ce qu'elle est : partielle, provisoire et non comparable avec les chiffres antérieurs.

l'accent mis sur la «croissance» n'est pas étayé par les faits présentés dans le rapport, il ne met pas assez en avant les politiques publiques menées pour plus d’équité, au moins aussi efficaces que la croissance économique comme en témoignent les exemples du Ghana, du Brésil et de la Thaïlande.