Donner à voir les accaparements de terres

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français
Thématiques : Agrobusiness

L’Observatoire des formes du foncier dans le monde met à disposition une mine d’informations sur les accaparements de terres et les projets agro-industriels les motivant.                   

Photo ci-dessus :  la même zone dans la région de Chokwe au Mozambique sur deux images présentes sur Google Earth: à gauche en 2005 et à droite en 2009 (www.formesdufoncier.org)
© Gérard Chouquer

Le magazine Transrural Iniatives a interviewé Gérard Chouquer, historien du cadastre, directeur de recherche au CNRS et auteur de la majorité des analyses en ligne sur l'Observatoire. "En allant sur les géoportails [type Google Earth], on trouve une quantité d’informations considérable mais il faut se former à l’observation et à l’analyse", explique-t-il. Intéressé depuis plusieurs années par le phénomène des acquisitions massives de terres, Gérard Chouquer est persuadé que l’analyse méthodique des formes agraires pourrait apporter de précieuses et fiables informations sur le sujet.  "L’imagerie, dont la qualité est chaque jour meilleure, est un outil d’évaluation de l’existant. Quand on cherche, on trouve des informations (périmètres, localisation précises des zones concédées) concernant les différents projets d’acquisitions des entreprises, des gouvernements, etc. Il est alors possible de croiser ces deux types d’informations pour regarder ce qui se passe sur le terrain… et effectuer un suivi dans le temps", indique Gérard Chouquer qui souligne l’enjeu de montrer l’occupation réelle des espaces pour ne pas considérer que des terres vacantes (des zones de parcours pour le pâturage par exemple) sont des territoires vides. On trouve déjà en ligne une dizaine d’analyses morphologiques dédiées à des zones d’accueil de projets agro-industriels au Mali, en Ethiopie et en Sierra Leone.

« Nous mettons ces informations à disposition de tout le monde, s’en saisit qui veut… », résume Gérard Chouquer. Ce dernier écrit également dans la présentation de la démarche de l’Observatoire, à lire en ligne : "Montrer l’occupation réelle de l’espace géographique, c’est contribuer à déconstruire un discours inexact sur la vacance des terres […]. C’est établir les fondements les plus fiables pour un discours alternatif. Mais c’est aussi proposer des bases pour des choix d’aménagement plus responsables. Malgré les vicissitudes actuelles du débat international, il ne fait guère de doute que les projets d’agro-industrie vont se développer et que la pression sur les terres deviendra encore plus forte. Mieux vaut donc argumenter les choix en les documentant par des cartographies de plus en plus précises".

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