Délia Diabangouaya : « Les jeunes Togolais sont prêts à prendre des risques pour entrer dans l'entrepreunariat"

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français
Thématiques : Transformation et filière

Choco Togo est une jeune coopérative de transformation qui développe sur le terrain des leviers de la souveraineté alimentaire. La coopérative a obtenu en 2022 le soutien « Coup de pouce » du programme Pafao, afin d’acheter un terrain et de réaliser une étude technique pour la construction d'un nouveau site de production. Le terrain servira de garantie pour obtenir un financement bancaire et ainsi changer d’échelle. Entretien avec Délia Diabangouaya, co-fondatrice de Choco Togo.

Délia Diabangouaya, vous avez 31 ans et vous êtes co-fondatrice de Choco Togo, une coopérative qui, depuis 8 ans, produit et vend du chocolat bio et équitable. Votre expérience montre que la transformation alimentaire est un secteur dans lequel les jeunes diplômés peuvent créer de nouvelles opportunités. Est-ce que vous conseillez à ces jeunes de suivre votre voie ?

Tout à fait ! Aujourd'hui, je crois que les jeunes Togolais sont prêts à prendre des risques pour entrer dans l'entrepreneuriat. Beaucoup vont vers l'agroalimentaire, même s'il y a beaucoup de difficultés lorsqu'on se lance dans cette aventure. Il est important de rappeler que l'agroalimentaire reste un des piliers importants de la transformation économique de nos pays, et du Togo en particulier. Se lancer dans le secteur de la transformation est vraiment une opportunité à saisir pour la jeunesse.

Vous distribuez vos produits au Togo mais aussi au Bénin, au Burkina Faso, au Mali, en Côte d’Ivoire, ainsi qu’en Europe, aux États-Unis et au Japon… Comment avez-vous eu l’idée, avec vos associés, de développer cette activité du chocolat en barre ?

Choco Togo est né grâce au projet Fair Young Sustainable Inclusive and Cooperative (initié par l’Union européenne) qui a formé soixante jeunes en entrepreneuriat au Togo en 2013. Six d'entre eux ont été sélectionnés pour être formés en chocolaterie traditionnelle et tourisme responsable en Italie, à Modica. Cela a été le moment clé. Nous avons compris que nous pouvions transformer du chocolat de façon traditionnelle pour avoir un chocolat appelé ciocco Modica. C’est un chocolat granuleux, qui ne fond pas, facile à produire et à conserver. Nous avons compris qu'il y avait une grande opportunité, pas seulement de création de valeur économique, mais aussi de valorisation de nos cultures et de nos ressources.

La base même de notre entreprise, c'est de pouvoir améliorer les conditions de vie des producteurs. Pour cela, nous payons un complément de prix (un minimum de 500 FCFA par kilo) sur le prix fixé pour les producteurs locaux par la bourse du cacao à Londres. L’objectif de cette prime est d’aider les localités, au-delà des coopératives ou des producteurs, à améliorer les conditions socio-économiques. Nous déterminons avec les coopératives s'il y a un besoin d'école, de livres pour les enfants, de forages pour l'accès à l'eau, d'accès à l'électricité. Ces fonds sont prioritairement destinés aux besoins sociaux de la population et permettent que le cacao produit dans cette zone ait vraiment un impact sur les conditions de vie des producteurs, mais aussi de toute la communauté.

Vous proposez une révolution : sortir de l'exportation d’une matière première pour la transformer sur place. Quelles ont été les difficultés au départ ?

La première difficulté a été de mettre en place un processus de production ou diagramme de production. Nous avons commencé de façon traditionnelle avec les équipements les plus simples possible. Cela nous a pris pratiquement un an pour aboutir à un chocolat prêt à la vente.

Ensuite, il y a eu les questions de distribution : faire connaître le produit, trouver de la main d’œuvre, mettre en place l'entreprise. Nous avons fait beaucoup de sensibilisation pour faire comprendre que le chocolat n'est pas qu’un produit de luxe. Nous disons que c'est un produit de chez nous, et qu'on devrait aussi profiter de ses vertus nutritionnelles. Au Togo, le chocolat nature 70 % et ceux à base d’ingrédients type arachide, gingembre, noix de coco, etc. sont ceux qui marchent le mieux. Le 60 % a aussi ses consommateurs. À l'international, nous vendons surtout du chocolat avec un pourcentage plus élevé, à partir de 70 jusqu'à 100 %, ou bien la fève de cacao, qu'elle soit torréfiée ou caramélisée.

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Equipe Choco Togo © DRL'équipe de Choco Togo © DR

Cet article est extrait de la publication L'espoir au-delà des crises, solutions ouest-africaines pour des systèmes alimentaires durables, 3ème tome d'une série d'ouvrages collectifs édités par le programme Pafao.

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