Davide Forcella : "La rentabilité financière ne doit pas être la seule boussole"

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français
Thématiques : Agriculture durable

Entretien avec deux spécialistes de la finance verte inclusive. Davide Forcella est directeur de JuST Institute, chercheur associé au Centre for European Research in Microfinance (CERMi), et co-coordinateur du Green Inclusive and Climate Smart Finance Action Group au sein de la plateforme européenne pour la microfinance. Il a été manager chez YAPU Solutions jusqu'en juillet 2021. Christoph Jungfleisch est le fondateur et PDG de YAPU Solutions.

On parle de « finance verte inclusive » pour désigner la prise en compte d’objectifs environnementaux dans la finance inclusive. De quoi s’agit-il ?

DF: Les institutions financières (IFs) ont du mal à appréhender le risque climatique et à financer le secteur agricole. Il s’agit de les accompagner dans le financement des exploitations familiales de petite taille. La rentabilité financière ne doit pas être la seule boussole pour l’octroi du crédit. L’impact social et la résilience climatique des petits exploitants agricoles sont aussi fondamentaux. Avec le JuST Institute nous travaillons avec les acteurs locaux au développement de meilleures pratiques agricoles, telles que la diversification des cultures ou l’agroforesterie, qui améliorent la productivité et préservent les écosystèmes. C'est aussi le cœur de métier de YAPU Solutions.

Quelles solutions apporte YAPU pour le financement des petits agriculteurs en Afrique de l’Ouest ?

CJ : On apporte aux IFs une méthodologie fondée sur « les bonnes pratiques agricoles », la gestion du risque climatique et l’impact sur la biodiversité et l’environnement. Pour cela nous avons développé un logiciel qui donne aux banques des outils pour intégrer ces aspects dans la gestion des crédits octroyés. La gestion des créances des IFs est souvent fondée sur des données de production et de revenu. Rien n’évalue les bonnes pratiques. Nos outils se concentrent sur les bénéfices pour les petits agriculteurs, essayent de mesurer l’impact et les résultats de chaque transaction de crédit.

Comment procédez-vous pour mettre en place cet appui technique ?

CJ : D’abord nous faisons une analyse de l’institution financière pour la situer par rapport à ses pratiques d’octroi de crédits. Ensuite, nous développons un schéma d’intervention qui répond aux questions suivantes : Comment l’institution peut améliorer la collecte et la gestion de l’information pour faire du crédit agricole ? Comment inclure la gestion des risques productif, climatique et environnemental ? L’accent est mis sur l’adaptation des produits financiers aux petits agriculteurs. Pour leur créer un écosystème résilient, nous agissons sur toute la chaîne de valeur. Ainsi les IFs doivent nouer des liens avec les fournisseurs de semences et d’engrais mais aussi, avec les futurs clients des producteurs. Elles doivent aussi se connecter aux centres de formation qui enseignent des pratiques agricoles alternatives.

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Cet article est extrait de la publication L'espoir au-delà des crises, solutions ouest-africaines pour des systèmes alimentaires durables, 3ème tome d'une série d'ouvrages collectifs édités par le programme Pafao. 

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