Accords de partenariat économique et agriculture, quels enjeux pour l'Afrique ?

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français
Thématiques : Commerce international

Les négociations des Accords de partenariat économique (APE) entre l'Union européenne et les pays ACP* sont porteuses d'enjeux majeurs. Les APE sont des acords commerciaux prévus pour durer dans le temps. Ils impliquent pour les pays ACP des mesures a priori favorables, mais aussi une ouverture  potentiellement lourde de conséquences pour le développement et la sécurité alimentaire. 

L'impact possible des APE ne doit pas être exagéré par rapport à de multiples autres défis auxquels les pays africains doivent faire face en matière commerciale : concurrence des produits agricoles provenant des pays émergents dans un contexte de faible protection relative, effectivité des processus d'intégration régionale, respect de règles communes en matière douanière, etc.

Cependant, les APE, censés stimuler le développement des pays ACP et l'intégration régionale, peuvent en réalité représenter une menace pour leur économie, leur agriculture, leur sécurité alimentaire, et plus généralement leur autonomie politique pour les décennies à venir. 

En Europe, la productivité de l'agriculture est élevée, les agriculteurs sont aidés et une partie des exportations est constituée des sous-produits de l'agriculture. L'UE exporte vers les pays ACP à des prix très compétitifs, poussant les prix intérieurs à la baisse, aux dépens des producteurs, du développement de l'agriculture et de la sécurité alimentaire. C'est pourquoi les régions ACP devraient pouvoir protéger et réguler leurs marchés.

L'UE accepte certes que les principaux produits agricoles soient inclus dans la liste des produits sensibles, et soient donc exclus de la libéralisation. Cependant, les pays ACP ne pourraient pas à l'avenir améliorer leur niveau de protection en cas de chute du prix des produits d'importation (clause de statu quo). 

De plus, on constate que dans l'accord avec l'Afrique de l'Ouest, nombre de produits d'origine agricole destinés aux industries de transformation des pays ACP sont bien concernés par la libéralisation (la poudre de lait par exemple).

Par ailleurs, les pays ACP ne pourraient plus à l'avenir mettre en place des restrictions aux exportations bien que celles-ci soient autorisées par l'OMC et que l'UE les ait utilisées sur les céréales de 1995 à 1997. 

Enfin, au-delà de l'agriculture, le commerce de nombre de produits industriels serait libéralisé, compromettant la nécessaire industrialisation des pays ACP.

 

Creuser le sujet :

- Etude, Les risques que les APE représentent pour la production locale et le commerce régional en Afrique, 2012

- Note de synthèse, Dix ans de négociations des APE : l'échec d'une mauvaise idée, 2012

- Témoignage, Afrique de l'ouest : " Si on ne protège pas nos économies ne serait-ce qu'un temps, jamais nous n'émergerons ", 2012

- Brève, Roppa : la luttre contre l'APE continue, 18 août 2014

*Afrique-Caraïbles-Pacifique