Retour sur la formation nationale du réseau ALIMENTERRE à Grenoble

Du 2 au 4 avril 2025, le réseau ALIMENTERRE a participé à la formation ALIMENTERRE à Grenoble, conjointement organisée par la Direction générale de l’enseignement et de la recherche du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, l’Institut Agro Florac, le Pôle de Solidarité Internationale de Grenoble et le CFSI.

^{photo ci-contre :  World cafe sur le toit du Bar Radis © CFSI}

Cette formation a été l’occasion pour les coordinations territoriales, les partenaires, et les acteurs de l’enseignement agricole de se rencontrer et d’échanger avec comme objectifs de :

• découvrir des outils pédagogiques pour débattre, analyser les films et approfondir les thématiques agricoles et alimentaires ;
• mieux comprendre les interdépendances entre les modèles agricoles et les systèmes alimentaires dans le monde ;
• comprendre et échanger sur la notion de « Food regimes »

^{Participants à la formation ALIMENTERRE  à Grenoble  © CFSI}

Présentation de l’OADEL et de Terrafrik Guinée

La formation a débuté avec l’intervention d’Essoro Jacques Assih et Alpha Idy Balde sur les activités de leurs associations, coordinatrices du festival ALIMENTERRE au Togo et en Guinée.

L’OADEL (Organisation pour l’Alimentation et le Développement Local) agit au Togo depuis 2003. Elle mène différentes actions d’appui à la filière agricole et d’accès aux marchés, de promotion des produits locaux et d’éducation à l’alimentation, notamment à travers le festival ALIMENTERRE. Depuis 2024, l’OADEL a mis en place un réseau dans le but de communiquer sur le festival dans les différentes régions du Togo. En 2024, plus de 40 projections ont été organisées, avec plus de 3 000 personnes sensibilisées, surtout en milieu rural.

Terrafrik Guinée fait partie du collectif d’associations Terrafrik, présent dans 10 pays d’Afrique. En plus de coordonner le Festival des Solidarités depuis 2016, Terrafrik Guinée a pris la tête de la coordination nationale du festival ALIMENTERRE en Guinée en 2024. L’association travaille principalement sur l’éducation à la citoyenneté mais aussi sur les enjeux agricoles, notamment sur le rôle des jeunes et des femmes dans le développement de pratiques agroécologiques et sur leurs difficultés d’accès à la terre. Pour sa première coordination du festival, Terrafrik Guinée a organisé une trentaine de projections dans 7 régions du pays.

Ces présentations ont ensuite laissé place à des échanges sur les contextes locaux au Togo et en Guinée et sur les films que l’OADEL et Terrafrik Guinée souhaitent voir au sein de la sélection.

^{Essoro Jacques Assih © Institut Agro Florac}

Travail en groupes sur les fiches pédagogiques des films de la sélection 2025

Un temps a été consacré à la présentation des films de l’édition 2025, sélectionnés par les partenaires et coordinations territoriales, ainsi qu’à l’élaboration des fiches films. Ces contenus pédagogiques, mis en ligne sur le site ALIMENTERRE en amont du festival, permettent aux organisateurs de projections de s’approprier les films et les enjeux qu’ils soulèvent, avec des idées pour animer le débat. La présence d’acteurs de l’enseignement agricole a grandement enrichi les échanges.

^{Travail en groupe sur les fiches pédagogiques des films © CFSI}

Conférence : Une introduction à la théorie des « Food regimes »

Renaud Metereau, Enseignant-chercheur Maître de conférences à l’Université de Paris Cité spécialisé dans les champs de l’économie politique du développement et de l’économie écologique est venu présenter la théorie des « Food regimes ». Cette théorie a émergé à la fin des années 80 suite à la publication de l’article « Agriculture and the State System : The Rise and Decline of National Agriculture » (« L'Agriculture et le Système Etatique : L'essor et le déclin des agricultures nationales ») de Harriet Friedmann et Philip McMichael. Après avoir rappelé à quel point le système agroalimentaire mondial est complexe, globalisé, asymétrique et en rupture avec la biophysique, Renaud Metereau a présenté les différents régimes agroalimentaires de la théorie des « Food regimes ». Un régime agroalimentaire peut être défini comme un ensemble historiquement significatif de relations agroalimentaires à l’échelle mondiale qui ont contribué à soutenir une période de croissance du capitalisme.

Un grand merci à Renaud Metereau pour cette intervention très enrichissante pour les participants !

^{Conférence de Renaud Metereau sur la théorie des "Food regimes"  © CFSI}

Celle-ci a été suivie par un world café portant sur les questions suivantes :

• Quels sont les intérêts d’une vision socio-historique dans le festival ?
• Quels sont les points de fragilité des systèmes agroalimentaires actuels sur lesquels agir ? Comment ?
• En quoi les luttes autour des enjeux alimentaires sont-elles liées aux enjeux sociaux plus généraux ?

^{World cafe © Institut Agro Florac}

Découverte du Bar Radis

Les participants ont pu découvrir et déguster les bons plats du Bar Radis, un tiers-lieu sur un toit-terrasse dans Grenoble, porté par l’association Cultivons ! et la coopérative Le Bar Radis. Il s’agit du premier bâtiment de France à accueillir 900m² de maraîchage en raquettes unies. Lény, co-directeur, a présenté les différents projets du Bar Radis, dont un marché solidaire de fruits et légumes et une émission radio avec pour but de sensibiliser et rendre accessible à toutes et tous une alimentation saine et durable. Un très beau projet et un lieu avec une vue imprenable sur Grenoble et ses montagnes !

^{Lény et le Bar Radis  © CFSI}

Découverte d’outils pédagogiques

Les coordinations territoriales ALIMENTERRE SOL - Alternatives Agroécologiques et Solidaires et ANIS étoilé ont présenté leurs nouveaux outils pédagogiques auprès des participants. 

Léa Ricard et Perrine Magreault ont introduit le jeu de l’association SOL – Alternatives Agroécologiques et Solidaires autour de la bande dessinée « Toutes paysannes, tous paysans ». L’activité consiste à remettre en ordre les planches de la BD, permettant de découvrir les réalités de l’agriculture en France, en Inde et au Sénégal.

^{Perrine Magreault et Léa Ricard  © CFSI}

Nathalie Gregoris et Céline Porcheron de l’association ANIS étoilé ont animé le jeu « De l’œuf à la poule », une activité très ludique où les participants ont pour objectifs de concevoir un poulailler aussi respectueux du bien-être animal que possible tout en prenant compte les réalités financières et les aléas sanitaires. Cette animation permet d’en apprendre beaucoup sur la législation autour des élevages de poules pondeuses et sur la consommation d’œufs dans le monde. Elle a été financée grâce à la Fondation Daniel et Nina Carasso, partenaire du programme ALIMENTERRE.

^{Céline Porcheron et Nathalie Gregoris  © CFSI}

Merci à Léa, Perrine, Nathalie et Céline pour ces moments de découverte !

^{Le jeu "De l'œuf à la poule" © CFSI}

Table ronde : les points de vue de jeunes africains sur l’agriculture et l’alimentation

Moïse Mlagani et Zoule Capko, volontaires en service civique à l’Institut Agro Florac, Fanny Gomez, en stage au CFSI, et Gustave Kolie, en volontariat international au sein de l’ONG Guinée 44, ont pris part à une table ronde autour des points de vue sur l’agriculture au Togo, au Bénin et en Guinée. Ils ont mis l’accent sur l’importance des politiques publiques et sur les difficultés rencontrées par les jeunes à l’installation.

^{Table ronde avec Zoule Capko, Gustave Kolie, Fanny Gomez et Moïse Mlagani  © PSI}

Présentations d’initiatives locales pour une alimentation durable

Pour clôturer la formation, Lilian Vargas et Thomas Basile sont venus présenter des initiatives locales pour une alimentation durable. 

Lilian Vargas travaille pour le Projet alimentaire inter-territorial (PAiT) de la grande région grenobloise. Il a expliqué que la région est restée un territoire de polyculture élevage car son empreinte montagnarde et son contexte historique et culturel lui ont permis de résister à l’agrandissement des exploitations. Le PAiT concerne 808 000 habitants sur 335 communes et 3 052 exploitations agricoles. De nombreux enjeux sont visés, dont la reterritorialisation des filières dans un territoire qui ne peut satisfaire qu’à 40 % les besoins des consommateurs en raison du manque d’espace.

Thomas Basile a également pu mettre à l’honneur son travail au sein de la SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif) l’Ethyquable, qui livre des paniers de produits frais de qualité et produits localement pour environ 1 000 personnes. Le but de la SCIC est d’être le seul intermédiaire entre le producteur et le consommateur, permettant ainsi de réduire les coûts. Dans une démarche de solidarité, L’Ethyquable a des partenariats avec des centres sociaux et des collectivités sans nécessité de justificatifs de précarité, ce qui concerne 10 % des consommateurs. Les coûts sont couverts grâce à une « caisse de solidarité alimentaire » alimentée par d’autres adhérents qui décident de payer plus cher leurs paniers.

Ce fut un plaisir de pouvoir échanger avec Lilian et Thomas sur les initiatives grenobloises pour une agriculture et une alimentation plus durables et solidaires.

^{Présentation du PAiT de la grande région grenobloise par Lilian Vargas  © CFSI}

Un grand merci à tous les participants et intervenants ainsi qu’à Valentine et au Pôle de Solidarité International Grenoble pour l’accueil !

La formation a été réalisée dans le cadre du programme Terres nourricières soutenu par l’Agence française de développement, le fonds de dotation Biocoop, la Fondation Daniel et Nina Carasso, la fondation Léa Nature, Olga.

CFSI, Avril 2025