Fonio : la filière se concerte

Expertise de terrain
Langue(s) : Français
Filières : Autres céréales
Pays : Burkina Faso

Dans le cadre d’un projet porté par l’Association pour la Promotion de la Sécurité et de la Souveraineté Alimentaires (APROSSA - Afrique Verte Burkina) et Artisans du Monde au Burkina Faso

Photo : salle de pré-cuisson du fonio  © Aprossa

Au Burkina Faso, les céréales traditionnelles (mil, sorgho, maïs, fonio) occupent une grande proportion dans la couverture des besoins céréaliers. Le fonio a grande valeur nutritive, il très apprécié des urbains mais long et difficile à préparer. En 2010, il ne représentait 10 kilos sur les 220 kilos de consommation individuelle annuelle de céréales au Burkina Faso* mais il est amené à jouer un rôle bien plus important à l'avenir. Tous les maillons de la filière se sont concertés pour lever ensemble les contraintes pesant sur ce marché et la production de fonio pré-cuit prêt à l'emploi a augmenté de plus de 1 200 tonnes en 3 ans, soit la couverture des besoins de 120 000 personnes.

La mise en relation des trois principaux maillons de la filière (producteurs, transformateurs et commerçants) constitue l’élément innovant de ce projet. Le travail en synergie et le partage équitable des revenus contribuent à l’amélioration de la qualité du fonio et à la conquête de nouveaux débouchés. La concertation entre acteurs a permis d’identifier collectivement les contraintes qui pesaient sur l’attractivité du fonio et d’y apporter des réponses à travers :

- la vulgarisation simultanée de plusieurs paquets technologiques : semences améliorées, pratiques agroécologiques, utilisation de bâches, etc.

- la reconnaissance et la formalisation d’un maillon de pré-transformation constitué par les femmes des producteurs ;

- un packaging adapté aux consommateurs urbains ;

- une stratégie commerciale multicanal.

Le résultat est un système d’acteurs cohérent et fonctionnel selon une logique de marché et de partage équitable qui a permis un accroissement des revenus des acteurs, une amélioration tant qualitative que quantitative du produit fini et un gain de parts de marché à Ouagadougou et à Bobo Dioulasso.

Des acquis visibles sur les parts de marché

En plus de la qualité, le succès des ventes a été possible grâce à la diversité des produits proposés aux clients :

- le fonio cru (lavé, séché et emballé sans pré-cuisson) sert principalement à la préparation de couscous et de bouillie pour enfants, il représente 50 % des ventes ;

- le fonio précuit (lavé, précuit à la vapeur, séché et emballé) sert à préparer du couscous et du djouka quand il est mélangé à l’arachide pilée, il représente 30 % des ventes ;

- enfin, la farine de fonio cru sert à préparer du tô (pâte), des crêpes, des gâteaux, du pain et des boissons instantanées, elle représente 20 % des ventes.

Ces produits transformés sont vendus environ 1 000 FCFA le kilogramme (alors que le kilo de fonio brut non décortiqué coûte 350 FCFA). Ils existent en formats et tailles variables : sachets de 500 g, de 1 kg et de 5 kg. Ils sont aussi disponibles en sacs de 10, 25 et 50 kg.

La production de fonio prêt à l’emploi était de 6 526 tonnes en 2010, elle est passée à 6 776 tonnes en 2011, pour atteindre 7 736 tonnes en 2012. La production 2013 est estimée à 7 912 tonnes, soit + 21 % en 3 ans.

Le chiffre d’affaires du fonio prêt à l’emploi était de 6 525 250 FCFA en 2010, il est passé à 6 775 500 FCFA en 2011 pour atteindre 7 535 000 FCFA en 2012 (soit près de 11 500 euros). Il serait de 8 000 000 FCFA en 2013 selon les prévisions, soit + 23 % en 3 ans.

[...]

Sur cette expérience, retrouvez le témoignage de Philippe Ki, coordinateur d'Aprossa

 

* Source : Etude sur la dynamique de consommation alimentaire au Burkina Faso, 2010