Quel accès aux marchés pour les maraîchers ? Pierre Cuche nous parle d'un projet dans le nord du Burkina Faso

Expertise de terrain
Langue(s) : Français
Filières : Légumes
Pays : Burkina Faso

Pierre Cuche est le directeur du Service international d’appui au développement (Siad). Au Burkina Faso, il travaille sur l’accès des productrices d’oignons de la région enclavée de l'Oudalan à des marchés rémunérateurs. Avec des organisations de développement local, la recherche et des institutions financières, ils ont mis en place des centres de stockage d'oignons, assurant l'approvisionnement en intrants, le stockage et la commercialisation groupée des productions.

Quel a été l'impact de votre projet sur la mise en marché des produits maraîchers ?

Les productrices ont peu d'opportunités commerciales, en dehors des marchés villageois qui sont vite saturés. Le regroupement des productions permet donc d'accéder à de nouveaux débouchés, plus lointains et plus rémunérateurs. Il connecte la province avec le marché national et dynamise les échanges commerciaux. En 2013, nous avons commercialisé de façon groupée environ 22 tonnes d’oignons sur les marchés locaux et nationaux. 

En outre, la construction de 2 centres de stockage à Gorom Gorom permet d'éviter le pourrissement des oignons, de fournir le marché sur une plus longue période, tout en profitant de la hausse des prix. L’oignon coûte 200 FCFA le kilo en période de récolte (janvier à mai) et le prix monte jusqu’à 900 FCFA en période de rareté (5 mois plus tard). L'objectif est d'avoir des marchés stables et rémunérateurs pour les productrices.

L'oignon local est-il concurrencé par les importations ?

L’oignon importé de Hollande n'est présent et compétitif sur le marché qu’en période de rareté, son prix tourne autour de 400 FCFA le kilo contre 800F pour l'oignon burkinabè [chiffres de décembre 2012]. L’oignon local reste le plus prisé sur les marchés urbains, même quand son prix est plus élevé. Les populations le préfèrent à l’oignon importé qui est pourtant bien moins cher, pour des questions de goût et de qualité de cuisson. 

Pourquoi avoir choisi de mettre en place un système ESOP (Entreprises de services et organisations de producteurs) ?

Nous avons cherché un modèle d'organisation paysanne ayant une approche fondée sur la rentabilité, capable de fonctionner de façon autonome après plusieurs années tout en gardant le côté « service aux membres ». Il est prévu que l’ESOP stocke les oignons puis les vende. Les oignons seront stockés dans des conserveries que nous sommes en train de construire, puis vendus à des grossistes sur des marchés urbains.

Au Burkina Faso, l’ONU a dépensé des millions pour construire des banques de céréales dans tout le pays mais près de 90 % ne fonctionnent plus, comme l’a démontré une étude de la coopération allemande. C'est pourquoi nous avons choisi un système de délégation à un entrepreneur privé, intégrant les producteurs dans la gestion de l’entreprise. Associer les producteurs leur permet de prendre conscience des avantages qu’offre la structure, notamment en termes de revenus. 

Propos des 27 août 2012 et 13 août 2013 édités par Justine Mounet.

Pour creuser le sujet :

Témoignage, Reconquérir le marché des oignons à Kayes au Mali, 2013

Information, Burkina Faso : la volatilité des prix divisent producteurs et consommateurs, 2012