Conférence « Nourrir l'Europe autrement : Vers une politique agricole et alimentaire commune »
Ce 18 juin a eu lieu la Conférence « Nourrir l’Europe autrement : vers une politique agricole et alimentaire commune (PAAC) » du Collectif Nourrir , dont le CFSI est membre. Cette conférence a été l’occasion pour le Collectif de présenter ses propositions pour une nouvelle approche de la politique agricole et alimentaire de l’Union Européenne, autour de discussions avec des acteurs de la recherche, de la société civile et institutionnels.
photo ci-contre : Mathieu Courgeau, co-président du Collectif Nourrir © CFSI
La conférence s’est tenue à un moment décisif puisque les négociations sur le Cadre Financier Pluriannuel (CPF) 2028-2034 de l’Union Européenne s’apprêtent à débuter et que les contours de la prochaine Politique Agricole Commune pour 2028 se dessinent.
Au programme :
Introduction
Matthieu Courgeau, co-président du Collectif Nourrir, a expliqué la nécessité pour la PAAC d'être au service de la souveraineté alimentaire dans un contexte de crises géopolitiques, climatiques, sanitaires, sociales et agricoles. Nicolas Verzotti, président du Réseau CIVAM, a quant à lui mis en avant les objectifs de la future PAAC telle qu'envisagée par le Collectif Nourrir, qui sont les suivants :
- Fournir une alimentation saine et durable accessible à toutes et tous
- S’inscrire dans la voie de la démocratie alimentaire
- Garantir des conditions justes d’exercice du métier d’agriculteur et agricultrice ici et dans le monde
- Assurer la pérennité des conditions environnementales de production d’une alimentation saine dans le respect des animaux
Soutenir les revenus grâce à une meilleure régulation des marchés
Nicolas Fortin, paysan et membre du secrétariat de la Confédération Paysanne, a exposé la nécessité pour la nouvelle PAAC de revenir à un système dans lequel les prix ont plus de sens afin de garantir des revenus corrects, sans pour autant tomber dans le piège de la surproduction. Il a donc insisté sur le besoin d'outils de maîtrise des prix et des volumes. Maylis Labusquière, responsable de projet au BASIC, a présenté les résultats de deux études menées au BASIC sur la filière bovin-viande et la filière bovin-lait. Ces études montrent que les agriculteurs et agricultrices sont défavorisés au profit des agroindustriels et de la grande distribution, la PAC permettant à ces derniers d'acheter à des prix très bas sans compenser les agriculteurs et agricultrices pour autant.
Cibler les aides pour la résilience et la préservation des agroécosystèmes
Le responsable du plaidoyer agriculture, alimentation et eau douce au WWF, Léo Tyburce, a ensuite fait état des dispositifs environnementaux actuels de la PAC. Il a mis en avant sur la nécessité de plus de progressivité et de ciblage des aides pour favoriser la transition agroécologique et inciter à des pratiques plus vertueuses pour les agroécosystèmes. Aurélie Catallo, directrice agriculture France à l'IDDRI, a poursuivi en expliquant que la diversification, à la fois à l'échelle des exploitations agricoles et des territoires, et le principe de circularité sont indispensables pour une meilleure résilience face aux crises diverses.
Faire du renouvellement des générations le moteur du développement rural
Ariane Richardot, représentant la coalition informelle « Installons des paysans », qui rassemble 7 organisations et réseaux paysans, a rappelé l'importance du renouvellement des générations alors que la population agricole vieillit et que la PAC pousse à la baisse des fermes et des paysans. De plus, la transmission représente un moment clé pour la transition agroécologique. Romain Melot, directeur de Recherche à l'INRAE et Antonin Khosrovaninejad, stagiaire, ont fait état de leur recherche sur la prise en compte de la transmission dans les politiques agricoles en Bretagne. Leurs résultats montrent qu'il y a un manque de cohérence entre les différents niveaux des politiques publiques. Il y a également un réel enjeu pour les nouvelles politiques agricoles de tenir compte du pluralisme et de l'exhaustivité des parcours pour accompagner au mieux les transmissions.
Regards croisés sur la future PAC et les propositions du Collectif Nourrir
Pour finir, Justin Amiot de Régions de France, Brice Huet du Ministère de la Transition écologique, et Philippe Duclaud du Ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire ont apporté leurs regards sur les négociations de la PAC prévue pour 2028 en tant que représentants institutionnels. L'importance pour la PAC de pouvoir être adaptée aux différentes localités, jusqu'au niveau intercommunal, a été soulignée, tout comme le besoin de rémunérer la prise de risques des agriculteurs et agricultrices afin de garantir des changements de pratiques. La position de la France a également été mise en avant, avec le souhait de mettre en place un budget dédié pour le fonctionnement de la PAC.
Un rapport de plaidoyer pour une Politique Agricole et Alimentaire Commune sera publié par le Collectif Nourrir d'ici fin 2025.
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Article CFSI publié en juin 2025