Martine Sawadogo : "Aujourd'hui les gens changent leur vision sur le bio"

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français
Thématiques : Agriculture durable

Au Burkina Faso, le contexte géopolitique a récemment donné un coup de pouce à ce marché porteur d’espoir. Rencontre avec Martine Sawadago, cofondatrice et codirectrice de l’entreprise Bioprotect créée en 2011, qui propose différents bio-intrants et bio-pesticides et emploie une vingtaine de salariés permanents ainsi qu’une centaine de saisonniers.

La hausse globalisée des prix des intrants chimiques a-t-elle favorisé une nouvelle dynamique sur le marché des bio-intrants ?

Oui, nous avons gagné beaucoup de nouveaux clients. En 2021, nous n'avons pas dépassé 100 tonnes de compost en production. Mais, en 2022, nous avons eu plusieurs commandes de 100 tonnes. Donc nous sommes en train d'aller vers 1 000 tonnes à l’année ! La demande a flambé, également pour nos biopesticides. En 2021, on a vendu près de 10 000 litres et, en 2022, rien qu’avec un seul client nous pouvons être à 40 000 litres par commande. Le nombre de producteurs que nous fournissons a vraiment augmenté (autour de 10 000 actuellement). Par ricochet aux crises, nous avons également beaucoup plus de consommateurs à l’achat en direct de nos paniers de fruits et légumes, entre 5 000 et 7 000 personnes par an. Nous avons développé un système de boutiques en franchise. Les gens qui avaient en tête que le bio était cher, que les intrants bio étaient chers, changent leur vision aujourd'hui…

Quel diagnostic posez-vous sur les sols des paysans ? Quels types d'intrants sont nécessaires et pourquoi ?

Nos terres ont perdu le couvert végétal à cause du lessivage dans la région. Les paysans ont besoin d'engrais très azoté : il leur faut un engrais complet comme l'humus. Aujourd'hui, j’observe que l'engrais organique peut aider à récupérer les terres au Burkina Faso. Son gros avantage sur les engrais chimiques est qu’il n’est pas nécessaire de faire de grandes applications chaque année. Ceci amortit le prix par rapport aux intrants chimiques, tout en évitant les effets toxiques. Nous avons réalisé des études d'efficacité de nos bio-intrants (compost organique enrichi couplé aux bio-pesticides) et nous avons eu un taux d'augmentation de rendement de 25 à 30 % sur certaines cultures, et même de 100 % pour d’autres quand le terrain était vraiment dénudé. Cela signifie qu'avec les engrais que nous produisons, nous permettons la diversification des cultures au sein même des exploitations

[...]

Voir l'article complet

Kiosque de vente de légumes certifiés Bio SPG à Ouagadougou © H. Basquin Fané

Kiosque de vente de légumes certifiés Bio SPG à Ouagadougou © H. Basquin Fané

Cet article est extrait de la publication L'espoir au-delà des crises, solutions ouest-africaines pour des systèmes alimentaires durables, 3ème tome d'une série d'ouvrages collectifs édités par le programme Pafao. 

Publications Pafao