Le paysage plutôt que les pesticides

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français
Thématiques : Agriculture durable, Biodiversité

L'utilisation non raisonnée d'insecticides conduit les ravageurs à developper des résistances. Au Sénégal, l'étude du paysage et de sa biodiversité pourrait offrir une alternative dans la lutte contre les insectes nuisibles rapporte Sciences au Sud, le journal de l'Institut de recherche pour le développement (IRD). 

Photo : Paysage maraîcher de la zone des Niayes, Sénégal © Cirad/J.Bouyer

Le maraîchage dans les Niayes*, zone située au nord-ouest du Sénégal, représente une activité économique importante. Elle approvisionne la capitale du pays en fruits et légumes et exporte une bonne partie de sa production à destination de l’Europe, comme l’ont fait avant elle les pays du Maghreb.

Cet essor se heurte cependant à l’infestation des cultures par de nombreux ravageurs, comme la noctuelle Helicoverpa armigera et la mineuse Tuta absoluta pour la tomate (photo ci-dessous), ou la teigne Plutella xylostella pour le chou. Des insectes rendus peu à peu résistants aux insecticides par un usage parfois excessif de produits chimiques.

 

Chenille Helicoverpa armigera en train de dévorer une tomate © T. Brévault

Pour pallier ce problème, Thierry Brévault, spécialiste en écologie des insectes, et Karamoko Diarra, entomologiste et responsable du master en agroécologie « Gestion durable des agroécosystèmes horticoles » (GEDAH) à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, ont uni leurs connaissances dans le cadre du programme Peers, qui prévoit la collaboration d’un chercheur du Nord avec un homologue du Sud. « Le projet BioBio a pour objectif d’identifier des leviers de régulation écologique des populations de nuisibles par le biais de la biodiversité environnante », explique Thierry Brévault.

Les étudiants du master GEDAH se sont rendus régulièrement sur le terrain, sur un réseau d’une soixantaine de parcelles, afin de compter et de prélever des insectes ravageurs, pour suivre au laboratoire le parasitisme et caractériser leurs résistances aux familles de pesticides les plus utilisées. « La contribution des étudiants a constitué une force de frappe très importante à laquelle s’ajoute celle de quatre doctorants. Cela nous a permis de collecter un très grand nombre de données », confie l’entomologiste.

Dans le même temps, le traitement d’images satellites prises dans un rayon d’un kilomètre autour des parcelles étudiées a conduit à appréhender la richesse des paysages présents autour des cultures. « Cette étude confirme l’importance des zones non cultivées, précise le chercheur. Nous pensons qu’elles constituent des refuges pour les auxiliaires – en particulier les parasitoïdes – susceptibles de contrôler les ravageurs. » Auxiliaires habituellement éliminés par l’usage des pesticides.

« Ce projet nous a également conduit à développer une relation de confiance avec les maraîchers de la Fédération des producteurs maraîchers des Niayes qui nous ont ouvert leurs champs, insiste Karamoko Diarra. Nos étudiants leur ont fait une restitution des premiers résultats après un an de terrain. Très satisfaits de nos explications, les agriculteurs souhaitent continuer cette collaboration. Nous espérons d’ailleurs ouvrir une formation sur l’usage sécurisé des pesticides et les bonnes pratiques agricoles à destination de ces professionnels. » [...]

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* Le programme CFSI-Fondation de France de Promotion de l'agriculture familiale soutient plusieurs projets dans les Niayes pour alimenter Dakar en fruits et légumes.