Le niébé comme nouvelle source de revenus

Expertise de terrain
Langue(s) : Français
Filières : Légumineuses
Pays : Burkina Faso

Dans le Sanmatenga, à 100 km au nord-est de Ouagadougou, le niébé était traditionnellement cultivé en association avec des céréales et autoconsommé. Mais l’urbanisation galopante a développé des perspectives commerciales qui peuvent en faire une nouvelle source de revenus pour les paysans.

Depuis 2009, Léocadie Saré, agronome, coordonne un projet niébé de l'association Fert mené en partenariat avec les Unions de producteurs de Pissila, de Pensa et de Dablo.

Constatez-vous une amélioration de la qualité du niébé produit par les membres des unions ?

Aujourd’hui, les producteurs sont en mesure de produire une graine de très bonne qualité. Nous travaillons beaucoup avec l’Institut de l'environnement et des recherches agricoles (INERA), qui nous propose de nouvelles variétés presque chaque année. A chaque campagne, les comités techniques des unions et l’équipe Fert choisissent les variétés qui seront testées. Ce sont les unions qui mènent les tests de variété pour permettre aux producteurs d’accroître leurs références techniques. Les agents des services déconcentrés du ministère de l’Agriculture assurent le suivi des parcelles.

Nous travaillons aussi sur la qualité post-récolte du grain. Traditionnellement, après avoir été récolté, le niébé est battu manuellement. Les gousses sont étalées par terre sur une zone de séchage puis tapées avec un bâton en bois pour ouvrir la gousse. Avec cette technique, de multiples impuretés viennent se mélanger aux grains. Avec l’appui de Fert, les unions ont acquis 45 batteuses à grains. Ces machines sont utilisées au niveau des groupements qui en font la demande et qui contribuent à hauteur de 30 000 FCFA [environ 45 €] à l’acquisition de la machine (25 % du prix total). Le travail est moins pénible et permet d’obtenir un produit plus propre.

Le stockage permet-il d’améliorer les conditions de commercialisation ?

Les producteurs de niébé conservent une partie de leur récolte chez eux, afin de disposer de liquidités immédiates et d’une réserve pour l’autoconsommation. Au niveau des magasins villageois qui appartiennent aux groupements, ils stockent les sacs de niébé en espérant vendre plus tard à un meilleur prix. Ces magasins ont été réhabilités ou construits grâce à l’appui des unions. Si l’union décroche un marché, les sacs de niébé sont transférés vers les magasins centraux, dans les chefs lieu de département. Fert a accompagné les unions, en mobilisant des partenaires financiers, pour la construction de trois magasins centraux, un pour chaque union, d’une capacité de 60 tonnes chacun. 

Les unions ont déjà travaillé avec la Société nationale de gestion du stock de sécurité alimentaire (Sonagess), et la Secopa, une entreprise privée d’exportation agricole qui contribue à la mise en valeur des produits agricoles au Burkina. En 2013, 123 tonnes de niébé ont ainsi été vendues. Désormais les acheteurs contactent directement les unions. La Secopa, par exemple, a exigé d’acheter une variété de niébé de très bonne qualité, un haricot blanc de grosse taille. Aujourd’hui les unions sont en mesure de répondre aux exigences de qualité des acheteurs. Ce n’était pas le cas il y a deux ans.

Si aucun acheteur n’est identifié, les producteurs déstockent leur production et ils la vendent par leurs propres moyens, bien souvent au niveau des marchés locaux. Mais ce cas de figure reste rare.

Quels sont les obstacles à la commercialisation du niébé des unions, pourtant de qualité ?

Sur le marché, les commerçants achètent indifféremment le niébé tout venant et le niébé de qualité (variété spécifique) trié venant des unions, car le marché pour un niébé de qualité reste encore très limité.

Mais des perspectives existent : la Secopa est en train de tester de petits conditionnements de niébé afin de pouvoir le commercialiser dans des boutiques de la capitale et de Bobo Dioulasso. Si ce produit plaît, alors des débouchés intéressants s’offriront aux unions. [...]

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Propos recueillis en mai 2015 par Camille Bureau (CFSI) et édités en juin 2015. Photos © Fert

 

 

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