Le lait, valeur montante au Sénégal

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français
Thématiques : Transformation et filière

Pour son hors-série spécial sur L'Afrique qui bouge, le magazine Alternatives internationales dresse le portrait du secteur laitier au Sénégal.

Artisanales, industrielles ou associatives, les laiteries fleurissent dans un pays qui veut renforcer sa production locale pour réduire sa forte dépendance aux importations.

Photo : Lait collecté auprès des peuls de Richard Toll pour la Laiterie du Berger ©  Lemateki

Cuir du Niger, beurre de karité du Burkina Faso, tissus de coton du Mali… À Dakar, la quatorzième édition de la Foire internationale de l'agriculture et des ressources animales (Fiara) a accueilli, comme chaque année en mars, plusieurs centaines de producteurs ouest-africains venus faire la promotion de leurs produits. Figuraient également en bonne place les pots de lait caillé vendus par les femmes sénégalaises de l'association du Directoire des femmes en élevage (Dirfel)*. "Notre groupement de femmes éleveurs est né en 2003. Aujourd'hui, nous sommes 25 000 et nous avons été formées pour pouvoir transformer et commercialiser notre lait dans tout le pays", explique Oumou Khaïry Diallo, la présidente. Grâce à l'appui des services agricoles de l'État, ce réseau de femmes, passé de cinq à cinquante laiteries, s'est peu à peu structuré et modernisé. "Au départ, les femmes faisaient du porte-à-porte, une bassine posée sur la tête, pour vendre leur lait. Le ministère les a formées à la fabrication de lait caillé, mais aussi de yaourt et de fromage artisanal, dans le respect des normes d'hygiène", se félicite Famara Sarr, chef du bureau du lait au ministère de l'élevage. Les femmes du Dirfel ont appris à maîtriser la chaîne du froid, de la traite jusqu'à la commercialisation finale, et leurs produits se retrouvent aujourd'hui dans de nombreuses boutiques de la capitale et au-delà.

  Oumou Khaïry Diallo, présidente DIRFEL

Le Sénégal est, depuis les années 1970, un grand importateur de produits laitiers. En 2000-2002, ses importations - de poudre essentiellement - se montaient à 240 000 tonnes d'équivalent lait, tandis que la production nationale était estimée à 127 000 tonnes. Aujourd'hui, l'écart se réduit progressivement : la production nationale s'établissait en 2010 à 181 000 tonnes contre 253 000 pour les importations. Le résultat d'une volonté du pays de réduire sa dépendance alimentaire et de développer les filières locales.

Intégrer les éleveurs isolés

Dans le sud du Sénégal, à Kolda (à 670 kilomètres de Dakar), la laiterie Le Fermier produit, depuis 1997, du lait pasteurisé, du lait caillé, des yaourts, des fromages et de l'huile de beurre pour approvisionner les marchés de Ziguinchor en Casamance et la zone touristique de Mbour. À la tête de sa mini-laiterie de huit employés, Ibou Fall, un ancien technicien de la Sonacos (Société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal), voulait à l'origine "lutter contre l'exode rural en créant des emplois". Aujourd'hui, Ibou Fall collecte quotidiennement 500 litres de lait auprès d'une trentaine d'éleveurs de Casamance. Il regrette cependant de ne pas avoir les moyens d'investir dans une nouvelle yaourtière estimée à 9 000 euros et une chambre froide qui lui permettraient d'acheter les surplus de production de ses fournisseurs durant la saison des pluies, entre juillet et octobre.

De son côté, la Laiterie du Berger**, dont le siège est à Dakar, a atteint une taille industrielle. Créée en 2006 par un jeune vétérinaire, cette entreprise assure à la fois la collecte, la production et la distribution de ses produits. "Nous vendons environ six tonnes de yaourt par jour", assure Bagoré Bathily, directeur général de cette entreprise dont le chiffre d'affaires avoisine les 2 millions d'euros, avec une progression "de l'ordre de 30 % par an". Une belle performance dans un contexte où il est difficile d'affronter la concurrence du lait importé. "Les producteurs qui alimentent le marché mondial bénéficient de soutiens publics", rappelle Bagoré Bathily. "Nous ne jouons pas à armes égales. Et nous avons ici de nombreuses difficultés, comme les coupures fréquentes d'électricité". [...]

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 Voir aussi le projet du Dirfel soutenu par le Fonds Agriculture et Alimentation

** A écouter sur RFI : un reportage sur La laiterie du berger