Au Sénégal, renforcer la production laitière pour améliorer les conditions d'existence

Expertise de terrain
Langue(s) : Français
Filières : Produits laitiers
Pays : Sénégal

Mame Coumba Faye est la cheffe du projet Accès aux services et structuration des exploitations familiales d’élevage (Asstel) pour le Gret au Sénégal. Asstel est une initiative portée notamment avec l'Apess, la Coopérative des producteurs laitiers de Dagana (CPLD), l’Agence régionale de développement de Saint louis (ARD), le Conseil départemental et la Plateforme d’innovation lait dans le département de Dagana, au Nord du Sénégal. Depuis 2012, le Gret mise sur le renforcement des capacités de production des éleveuses et des éleveurs pour améliorer leurs conditions d’existence et développer la filière lait local au Sénégal.

Quel est l'intérêt pour les éleveurs d'approvisionner la Laiterie du berger ?

Dans le département de Dagana, l’élevage pastoral domine. Les troupeaux sont constitués de 50 à 100 bêtes. Mais le modèle semi-intensif qui consiste à garder une partie du troupeau en stabulation se développe. Les petits élevages familiaux que nous soutenons ont de plus en plus souvent un noyau laitier, soit une sélection de 3 à 10 vaches productives qui restent en stabulation pour une meilleure production. Si les éleveurs amènent leur noyau laitier en transhumance, ils rencontrent souvent des difficultés pouvant entraver la production correcte de lait. C’est l’installation de la Laiterie du berger (LDB) qui a suscité le développement de la production et de la vente de lait dans la zone. Approvisionner la LDB, créée en 2006 à Richard-Toll, représente un gain de temps et d’effort pour les éleveurs en ce sens que les collecteurs de l’entreprise se déplacent jusqu'au village. En outre la LDB peut garantir la régularité de la collecte le lait avec un prix constant sur une longue période, donc la régularité du revenu laitier. Ce qui n’est toujours pas le cas au niveau du marché local à cause de la saisonnalité de la production laitière et de la faiblesse de la demande dans une zone constituée en majorité d’éleveurs. Certains disent toutefois préférer vendre sur le marché local, où ils peuvent obtenir jusqu'à 500 FCFA le litre contre au maximum 320 FCFA avec la Laiterie.

Comment le Gret a-t-il contribué à sécuriser la production de lait dans la zone ?

Le Gret a tout d’abord mis en place un dispositif de conseil à l’exploitation familiale et, depuis 2014, un réseau, aujourd’hui constitué de 22 élevages pilotes, dont 4 sont aux mains de femmes. Les membres bénéficient d’un appui-conseil individualisé ou collectif : gestion de l’atelier de production laitière, contrôle laitier, animations, formations techniques, visites d’échanges, expérimentation d’innovations. Au fil des ans, nous observons des évolutions dans les pratiques d’élevage et les modes de gestion économique des ateliers de production laitière. Aujourd’hui, les éleveurs pilotes fonctionnent tous avec un noyau laitier en stabulation, ils sont en mesure de contrôler et de peser leur lait, gérer leur troupeau, produire et stocker du fourrage… Ces évolutions de pratiques se sont traduites par une production laitière soutenue et constante depuis 2015.

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Lire l'entretien complet

◼ Visiter le site de la Campagne « Mon lait est local »

◼ Entretien : La production laitière en zone pastorale, l'expérience de Cécile Broutin du Gret, 2015

◼ Entretien avec Moussa Baldé, sur les modèles de minilaiteries au Sénégal, 2019