Agir en France pour soutenir la filière lait local en Afrique de l'Ouest

Comment sortir d’une configuration « perdant-perdant » pour les éleveurs d’Europe et d’Afrique de l’Ouest ? C’est un des questionnements qui a traversé les débats lors de la journée de lancement d’une action commune lait qui s’est tenue le mardi 19 novembre 2019 à Paris.

Photo ci-contre : Rékia Siwa, éleveuse et transformatrice au Niger, présidente du collectif des femmes ROPEN, est venue témoigner le 19  novembre.

Une pluralité d'acteurs pour un constat partagé

Le CFSI a réuni une quinzaine d’ONG, telles qu’Agronomes et vétérinaires sans frontières, Élevages sans frontières, Guinée 44, Oxfam-Solidarité, SOS Faim Belgique et Luxembourg, des acteurs privés du secteur laitier engagés vers une transition des systèmes agroalimentaires tel que Biolait, d’éleveurs d’Afrique de l’Ouest et de France mais aussi de syndicats avec la participation de la CFDT, ou encore de collectivité territoriale avec la présence d’un représentant du conseil départemental d’Ille-et-Vilaine. Le but de cette journée était de partir d’un ensemble de constats partagés, afin de réfléchir à l’élaboration d’une stratégie commune, en vue d’agir en France pour soutenir la filière lait local en Afrique de l’Ouest et de combattre la pauvreté.

Un frein au développement

Les importations de poudre de lait représentent une forte contrainte au développement des filières de produits laitiers locaux en Afrique de l’Ouest. Elles sont faiblement taxées (5 %). Deux tiers de ces importations proviennent d’Europe, sont vendues en dessous des coûts de production grâce aux subventions de la Pac et sont principalement constituées de lait en poudre réengraissé à l’huile de palme.

Un système qui dessert les travailleurs, au Nord comme au Sud

En Europe, les éleveurs laitiers sont incités à produire de gros volumes (surtout depuis la fin des quotas laitiers en 2015) qui dépassent largement les besoins des quelques 500 millions d’Européens, ce qui dégage des excédents écoulés sur les marchés d’exportation. Ce système ne profite pas aux producteurs européens : 4 fermes laitières sur 5 ont disparu en 30 ans. Il ne profite pas non plus aux consommateurs ouest-africains qui sont inondés de  poudre de lait, « le faux lait », sans avoir toutes les propriétés du vrai lait. Enfin, ce produit concurrence de manière déloyale le lait local, puisqu’il est vendu jusqu’à 70 % moins cher !

Une mobilisation citoyenne...

En réaction à ce dumping commercial, la Campagne « Mon lait est local » est lancée en 2018 par six pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre (Niger, Mali, Burkina-Faso, Mauritanie, Sénégal, Tchad) pour mobiliser les citoyens, la société civile, et interpeller les décideurs politiques afin qu’ils prennent les mesures nécessaires au développement de la filière.

...Pour une action commune

En Belgique et en France, la campagne « N’exportons pas nos problèmes » lui fait écho en dénonçant les conséquences néfastes de la surproduction de lait dans l’Union européenne tant pour les éleveurs européens que pour les éleveurs ouest-africains et en plaidant pour des politiques durables et solidaires.

Au regard de la situation, une feuille de route est en train d’être élaborée par une pluralité d’acteurs engagés à différents niveaux, du terrain jusqu’aux institutions européennes. Un nouveau dispositif de soutien à la sensibilisation des professionnels et futurs professionnels de la filière laitière française sera notamment proposé aux coordinations territoriales ALIMENTERRE et aux membres du CFSI présents en région.

Publié le 05/12/2019