Projection-débat de : "La part des autres" avec le MRJC

Le 26 octobre, le MRJC organisait à la Confiserie de la Paix, leur centre d’hébergement et de formation à Pantin (93), une projection du documentaire : « La part des autres », dans le cadre du Festival ALIMENTERRE.

La "violence alimentaire" et comment y faire face

L’intervention de l’anthropologue Benedicte Bonzi dans le documentaire a été remarquée et a fait émerger des questionnements sur la question de ce qu’elle nomme  « violences alimentaires »  et dont elle dit qu’elles « se caractérisent par la force intentionnelle ou non qui empêche une personne d’accéder à son droit à l’alimentation, ceci donnant lieu à des atteintes physiques ou morales. »

Les débats se sont vite centrés autour des questions que le documentaire soulève du point de vue de l’engagement et des pratiques militantes. Comment reconnaître et réduire les violences alimentaires que l’on risquerait de faire subir involontairement ? Selon les participants, une démarche aussi louable que celle du don alimentaire, par son caractère unilatéral, peut être perçue comme « violente » par les bénéficiaires, qui peuvent se sentir enfermés dans une position de mendicité.

Certains éléments de réponse ont pu être avancés par les participants. Les bénévoles peuvent par exemple être choisis parmi les bénéficiaires du groupement d'achat, brisant ainsi la hiérarchie aidant/aidé. Il est également envisageable de passer, dans la mesure du possible, à un modèle respectant plus le choix des personnes, comme certaines épiceries solidaires à très bas prix, qui ne nécessitent pas de fournir des papiers pour « prouver que l’on est pauvre » (une spectatrice), évitant de renvoyer ainsi une fois de plus les bénéficiaires à leur statut.

Pourquoi avoir choisi de projeter « La part des autres » ?

Emma Baudouin explique : « J'ai choisi La part des autres parce que ce documentaire porte des thèmes que beaucoup de gens ignorent sur le droit à une alimentation saine, de qualité, durable et choisie. Mais aussi parce que je connais la personne qui est sur l'affiche, David, que j'ai rencontré en chair et en os, avant qu'il ne décède. Et en même temps je côtoyais ce public-là, parce que j'allais dans les centres d’hébergement d'urgence. C'est un film qui me tient à cœur, je connais les producteurs et je connais les gens dedans ».

Emma Baudouin, secrétaire nationale du Mouvement Rural des Jeunesse Chrétienne, chargée du dossier « Alimentation » et organisatrice de la projection.

Après visionnage du film, d’après vous qu'est-ce que ce qu’une alimentation durable et solidaire ?  

Un spectateur répond : « "Durable", c’est une alimentation dont la production et la consommation ne mettent pas en péril la pérennité de la production et de la re-consommation derrière. Ça peut jouer sur plusieurs facteurs. Ça joue sur la production, la consommation, la gestion des déchets... La question du "solidaire" est plus difficile, c'est un équilibre à trouver entre chacun des acteurs, c'est ce qui permet aux autres, quel que soit leur niveau dans l’échelle d'avoir un niveau de vie égal. C'est- à-dire : je veux disposer de ce produit, si je suis solidaire je veux que la personne qui le produit et qui le transforme puisse en disposer aussi et puisse disposer de ce que je produis moi-même. C'est comme ça que je le verrai. »

Victorin, professeur de français, ancien militant MRJC, spectateur.

CFSI, 8 novembre 2022