Pour du poisson qui part en poudre

     Pour du poisson qui part en poudre Dans les créneaux du festival ALIMENTERRE, Attac Besançon a projeté deux films avec débats. Après Amuka, l'éveil des paysans congolais - dont nous avions également publié un petit article sur la plateforme d'ALIMENTERRE -, dans la même salle mais le 29 novembre la seconde projection était Stolen Fish, signé de Gosia Juszczak. Pour rappel, il s'agit d'un documentaire qui aborde l'exploitation industrielle exogène et la surpêche. Et pendant ce temps la population locale en Gambie doit lutter pour s'en sortir. La discussion autour film s'est dérouléee cette fois avec entre autres des membres des Amis de la Confédération paysanne et d'Extinction Rébellion.

Le constat d'une âpre pauvreté dans la vie d'un pêcheur sur des rives d'Afrique entraîne une certaine empathie chez Les Amis de la Confédération paysanne. Pour celui qui est déjà parti en Afrique le film est un relief. Mais les spectateurs du jour n'auront pas eu de mal à faire un parallèle évident avec les difficultés que subissent les agriculteurs en France. Un débatteur résumera la situation générale par la suggestion suivante : "sauver l'industrie face à l'exploitation". Le pont entre les pêche et agriculture, le cas échéant, conduit dans les usines chinoises de farine ...de quoi noyer le poisson (voyez-y toutes les lectures possibles) pour le bien de l'élevage intensif.

Ceux qui ont visionné Stolen Fish à Besançon le 29 novembre, de rappeler que d'immenses bateaux chinois, qui plus est subventionnés, enfreignent les règles d'eaux territoriales pour se servir goulument en poisson ensuite transformé.  Bien qu'illégaux leurs passages semblent laisser des gouvernements impuissants qui ferment les yeux. "On imagine mal la Gambie pouvoir mettre la pression sur la Chine", abonde un invité. Deux jeunes Sénégalais présents lors de la projection réfutent, quant à eux, une fatalité qui excuserait les dirigeants par une quelconque impuissance. Laquelle escamoterait une fuite en avant. A coups d'arguments pertinents, le duo convoque plutôt des responsabilités gouvernementales sur cette question.

La présence des deux personnes issues de la diaspora a offert à un autre participant d'exposer, s'adressant à eux en ouverture des échanges, sa vision empirique d'un voyage en Afrique. Ce dernier comparait ainsi le sort des pêcheurs gambiens à celui des éleveurs de crevettes au Sénégal voisin. Les pêhcurs gambiens se voient en effet dénaturer les denses écosystèmes parce qu'ils n'ont de ressources que les fonds d'eau non écumés par les visiteurs. Il en va de même pour l'élevage de la crevette qui, pour les mêmes raisons, grignote la mangrove sénégalaise. Toute l'assemblée venue voir le documentaire s'accordait naturellement à admettre que la culpabilité ne revient pas à ces gens qui ne cherchent qu'à survivre. Pas à engrenger des millions. Tout autant, tel que le suggérait la comparaison su-citée, l'unanimité comprenait que si Stolen Fish se concentre sur les conséquences imputables aux industriels chinois, la Chine n'est pas la seule à s'adonner au pillage dans le monde. Il s'agit là d'une focale illustrative.

 

Frédéric Dassonville,

militant d'Attac Besançon