Les intervenants internationaux du Festival : Daniel Oulai et Adja Sene

Le 13 et 14 novembre 2023, l’équipe du CFSI a accueilli ses intervenants d'Afrique de l'Ouest avant leur participation aux projections-débats du festival ALIMENTERRE, partout en France pendant une dizaine de jours. Nous avons donc profité de l’occasion pour leur poser quelques questions.

Daniel Oulai, ingénieur agronome et entrepreneur socialDaniel Oulai est ingénieur agronome et gérant de sa propre entreprise sociale Grainothèque en Côte d’Ivoire, une banque de semences ayant vocation à valoriser la diversité génétique des plantes nourricières et le potentiel microbiologique du sol. Daniel est également consultant spécialisé en agroécologie et agroéconomie et a travaillé pour de nombreuses institutions telles que la FAO, Inades-Formation, la Mairie de Danané en Côte d’Ivoire ou encore l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM). À travers ses activités, Daniel vise à structurer les filières de son territoire en accompagnant des producteurs dans l’objectif de faciliter l’accès au marché et de créer de la valeur ajoutée pour leurs produits.

Qu’est-ce qui a fait écho pour vous dans le festival ALIMENTERRE et quelles sont vos motivations pour y participer ?

J’avais déjà organisé des projections-débats dans le passé pour le festival ALIMENTERRE. Nous étions les premiers organisateurs du festival en Côte d’Ivoire, alors je le connais bien. C’est une occasion de rassembler des acteurs, sans distinction et sans barrières, pour repenser et requestionner les sujets en lien avec l’alimentation. C’est ça qui me pousse à m’engager dans ce festival. Car aujourd’hui, il faut nous requestionner sur nos systèmes alimentaires afin de les rendre plus inclusifs et plus durables. Ce qui a fait écho chez moi et mes collègues, c’est la façon dont nous contribuons au sein de notre territoire en tant qu’acteurs de la société civile. Par nos activités, nous essayons de contribuer dans la mesure du possible à la démocratisation de l’accès à une alimentation de qualité à tous les citoyens, peu importe leur classe sociale. Je pense que tout le monde mérite d’y avoir accès.

C’est quoi pour vous, une alimentation durable et solidaire ?

C’est une alimentation qui n’est pas exclusive, mais qui permet aux ménages qui produisent de générer des revenus, et à ceux qui consomment d’avoir accès à une alimentation de qualité à des prix justes. Il s’agit donc d’une alimentation qui permet à tout le monde de se nourrir sainement et à tout moment de l’année.

Quelles sont vos attentes vis-à-vis de votre tournée du festival ALIMENTERRE 2023 ?

Pour ce festival ALIMENTERRE 2023, j’espère aller à la rencontre d’autres citoyens porteurs de projets en lien avec l’alimentation durable et solidaire dans leurs villes. J’aimerais construire des ponts entre mes initiatives et celles dans les villes que j’aurai l’occasion de visiter. Car, il faut s’autoriser à briser les murs entre les frontières et entre les citoyens afin de pouvoir partager des pratiques, transférer des compétences et communiquer des connaissances. J’espère que ma tournée lors de ce festival sera un parcours d’immersion, d’échanges, de rencontres, et de partage à la fois interculturel et autour des bonnes pratiques agricoles. Je me permets d’espérer que nous pourrons ensemble construire des solutions durables pour le futur.

Avez-vous un message à faire passer aux participants du festival de cette année ?

J’aimerais dire que le temps est venu de soutenir les petits agriculteurs qui nous nourrissent et qui, à travers les champs, veillent à ce que nous puissions avoir une alimentation de qualité. Il faut leur réserver une place de choix dans les chaines de valeur.

 

 

Adja Sene, économiste agricole et gestionnaire de projets de développement et agroécologieAdja Sene est économiste agricole et gestionnaire des projets de développement au Sénégal. Elle a dix ans d’expérience dans la gestion de projets et de programmes de développement en Afrique de l’Ouest, plus précisément au Sénégal, en Gambie, en Mauritanie, au Bénin et au Nigeria. Elle travaille actuellement en tant que référente alimentation, agriculture durable et agroécologie, au sein du Grdr Migration-Citoyenneté-Développement à Dakar. Elle apporte notamment un appui à la réflexion stratégique et à la construction des modèles pour améliorer l’accès à l’alimentation durable au niveau du territoire.

Qu’est-ce qui a fait écho pour vous dans le festival ALIMENTERRE et quelles sont vos motivations pour y participer ?

Le festival ALIMENTERRE a retenu mon intérêt car il soulève plusieurs sujets sur lesquels je travaille. Je trouve que c’est un événement qui constitue un espace idéal pour le partage des expériences et des réflexions autour de l’alimentation. Par exemple, le déroulement des événements du festival dans des milieux diversifiés, tels que des écoles agricoles et des lieux ouverts au grand public permet d’élargir les échanges et le partage entre les participants. C’est donc une superbe occasion de découvrir les interrelations qui existent entre les économies du Sud et du Nord. Le festival met en lumière les retombés de nos choix de consommation et d’alimentation sur l’économie mondiale. Il suscite également la réflexion sur des potentiels changements à mettre en place dans notre modèle alimentaire afin de parvenir à ce que toute personne puisse avoir accès à une alimentation saine et durable.

C’est quoi pour vous, une alimentation saine et durable ?

Pour moi, c’est pouvoir à tout instant avoir accès à une alimentation variée qui peut répondre à nos exigences alimentaires. Il faut que les pays puissent échanger sur les potentiels qui existent dans chaque région.

Quelles sont vos attentes de votre tournée du festival ALIMENTERRE 2023 ?

J’aimerais récolter des éléments pour alimenter la réflexion sur les thématiques sur lesquelles je travaille. Je suis également curieuse d’en apprendre plus sur les liens entre les mondes ruraux du Nord et du Sud ainsi que de mener une réflexion collective là-dessus avec les autres participants du festival.

Avez-vous un message à faire passer aux participants du festival de cette année ?

Oui ! Le message que j’aimerais transmettre est que nous devons aujourd’hui avoir conscience du fait que nos choix alimentaires ont des répercussions sur nos économies, mais aussi sur les populations du monde entier.

 

Propos recueillis par Matilda Strand le 14 novembre 2023

 

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