Rendre le niébé accessible aux populations pauvres

Expertise de terrain
Langue(s) : Français
Filières : Légumineuses
Pays : Burkina Faso

Emmanuel Rouamba est le secrétaire exécutif de l’Association SOS santé et développement (ASD) qui s’attaque à la question de l’accessibilité des produits locaux nutritifs tels que le niébé pour les populations pauvres. L’idée est de créer des liens directs entre les producteurs de niébé et les transformatrices et restauratrices des quartiers périurbains de Ouagadougou.

Pourquoi développer des programmes d’accès à l’alimentation pour les populations périurbaines ?

Le niébé est un aliment très nutritif car riche en protéines, amidon, acide folique, fer, zinc et calcium. S’il est accessible au Burkinabé moyen, il l’est beaucoup moins aux familles pauvres qui vivent dans les quartiers non lotis de Ouagadougou et souffrent de malnutrition.Une assiette de niébé bien préparée et assaisonnée (légumes, huile, épices) se vend 200 FCFA en centre-ville. On ne retrouve pas cette offre dans les quartiers périphériques d'habitats précaires, le revenu moyen des familles qui y vivent ne dépassant guère les 500 FCFA par jour.

À la campagne non plus, tout le monde n’a pas accès au niébé. Certains chefs d’exploitation préfèrent le vendre, surtout s’ils n’ont pas les sacs à triple fond qui permettent sa conservation. Le marché du niébé est porteur : les pays côtiers (Côte d’Ivoire, Togo, Bénin) et le Tchad importent le niébé burkinabé.

 

 

Quelles sont les solutions ?

Pour rendre le niébé accessible, il faut, d’un côté inciter les paysans à produire davantage et, de l’autre organiser la collecte et l’acheminement des productions en ville. En effet, la différence est grande entre les prix payés aux producteurs (800/850 FCFA le kilo) et le prix au détail en ville pour les consommateurs (entre 1 200 et 1 500 FCFA le kilo).

Sur la commune de Nanoro (15 villages), nous intervenions déjà pour sensibiliser les populations riveraines du barrage de Soum sur les maladies hydriques, l’éléphantiasis et le VIH. Nous avons constaté que la filière niébé n’était pas organisée dans la zone. Le principal défi de l’agriculture familiale est l’absence d’un circuit clair de distribution des produits vers les villes.

Notre projet était donc de motiver les producteurs en les impliquant dans l’approvisionnement à prix négocié d’un magasin à Ouagadougou. Le niébé est ensuite réparti dans sept comptoirs urbains implantés dans les quartiers populaires de la capitale. Ces comptoirs sont des lieux de distribution du niébé (bouilli ou transformé) gérés par les transformatrices. [...]

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