Quel contrôle pour le biocontrôle ?

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français
Thématiques : Agriculture durable, Agrobusiness

La protection des cultures par l’utilisation des techniques dites de biocontrôle intéresse de plus en plus les opérateurs du secteur des pesticides. 

Photo : Dans le monde du biocontrôle, la coccinelle est un « bioagent » qui traite des « bioagresseurs » comme les pucerons

Dans le texte de la loi d’avenir agricole, adoptée mi-septembre,l’État « encourage le recours par les agriculteurs à des pratiques et à des systèmes de cultures innovants dans une démarche agro-écologique. A ce titre, il soutient les acteurs professionnels dans le développement des solutions de biocontrôle et veille à ce que les processus d’évaluation et d’autorisation de mise sur le marché de ces produits soient accélérés ». Ce soutien politique fort et la promesse d’une réglementation plus favorable ne fera que renforcer l’intérêt pour le biocontrôle d’opérateurs économiques multiples, déjà en ordre de marche.

Mise en avant comme « une filière d’avenir pour produire autrement », le biocontrôle est défini comme un ensemble de méthodes de protection des végétaux par l’utilisation de mécanismes et d’interactions qui régissent les relations entre les espèces et leur milieu. Ainsi, par exemple, dans le monde du biocontrôle, la coccinelle est un « bioagent » qui traite des « bioagresseurs » comme les pucerons. D’autres organismes (macro et micro) et éléments (médiateurs chimiques comme les hormones, substances naturelles d’origine végétale, animale ou minérale) appartiennent à la famille des produits de biocontrôle.

L’intérêt pour ces techniques de protection des cultures ne date pas d’hier, en témoignent les enseignements sur la lutte biologique ou la confusion sexuelle, en place depuis plusieurs années dans les écoles de l’agronomie ou encore, la création dès 1999, dans l’Hérault, de l’International biocontrol manufacuters assocation (IBMA) France. Cette association « professionnelle » dont le rôle est de promouvoir l’utilisation des produits de biocontrôle en agriculture (auprès des institutions nationales et internationales, des acteurs du monde agricole et des médias) compte parmi ses adhérents des groupes tels que Bayer, Syngenta, BASF, Total pour les plus gros, le cabinet de conseil en « stratégie économie positive » Be Citizen ou encore de plus petites entreprises comme Biotop, filiale de l’union de coopératives InVivo. Alors que, pour rester poli, on parle de « bilan mitigé » quand on évoque les résultats du plan de réduction de l’utilisation des pesticides Ecophyto (initié en 2008 et censé arriver à une réduction de 50% du recours au pesticides en dix ans), le biocontrôle est présenté comme un nouveau fer de lance de l’agroécologie. Si les investissements en termes de recherche et développement du secteur sont importants et ne sont pas couverts par l’État et ses organismes de recherche, le fait qu’ils soient aujourd’hui réalisés par les leaders mondiaux de la production et de la vente de pesticides (par l’acquisition d’entreprises du secteur notamment) laisse songeur quant au modèle d’agroécologie dessiné.

Hélène Bustos (Transrural Initiatives); paru dans le numéro 438 deTransrural Initiatives août-septembre 2014

 

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