Politiques agricoles ouest-africaines : des décisions qui mettent en danger la transition vers une agriculture durable

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français
Thématiques : Agriculture durable, Politiques agricoles et alimentaires

Un rapport de la FAO, publié en 2014 et portant sur 10 pays Africains, montre que les politiques agricoles en place ne donnent pas la priorité effective à l’amélioration de la sécurité alimentaire de la population

La FAO, dans le cadre de son projet de Suivi et analyse des politiques agricoles et alimentaires (SAPAA), vient de publier un rapport sur les politiques agricoles dans 10 pays d’Afrique (Burkina Faso, Ethiopie, Ghana, Kenya, Mali, Malawi, Mozambique, Nigeria, Tanzanie et Ouganda). Il s’agit d’alimenter le débat sur les politiques agricoles et alimentaires dans les pays concernés et ainsi, d’améliorer la cohérence entre les dépenses publiques et les objectifs poursuivis par les gouvernements.

Le rapport fait état de trois éléments principaux :

  1. Les politiques en place et le fonctionnement des marchés ont contribué à diminuer de 10 % les prix payés aux producteurs entre 2005 et 2010. L’étude, portant sur la période qui a connu une flambée des prix alimentaires (2005-2010), montre que les politiques cherchent à maintenir les prix alimentaires à un niveau assez bas, plus favorables aux consommateurs.
  2. Les opérateurs des filières agroalimentaires (commerçants et agroindustriels) sont souvent les bénéficiaires de la situation présente, malgré la relative inefficacité économique et des technologies de transformations obsolètes. En outre, le fonctionnement opaque des marchés et l’asymétrie du pouvoir de négociation entre producteurs et commerçants n’améliorent pas l‘état général du marché.
  3. Dans cinq pays (Burkina Faso, Kenya, Mali, Tanzanie et Ouganda), les gouvernements ont utilisé les dépenses publiques pour soutenir les producteurs, compensant ainsi en partie la dépression des prix à la production et les encourageant à produire davantage. Cela s’est fait principalement via des subventions sur les intrants agricoles (engrais, semences améliorées dans les pays d’Afrique de l’Est, équipements agricoles et d’irrigation dans les pays d’Afrique de l’Ouest). Peu d’efforts ont été fournis pour la recherche et pour les infrastructures de marché et de transports qui sont pourtant une contrainte largement reconnue dans les pays concernés.

Ces résultats confirment d’une part ; que la plupart des producteurs ont un accès réduit au marché et qu’ils s’y trouvent en position défavorable par rapport aux autres opérateurs qui le dominent et en tirent profit (notamment en captant les incitations octroyées par les politiques en place) et d’autre part ; que les politiques publiques visent surtout à protéger les consommateurs urbains et à promouvoir des technologies de production agricoles de type «révolution verte», utilisant largement intrants et équipements d’irrigation.

Sachant que les intrants, les équipements et le matériel d’irrigation sont en général inaccessibles pour la majorité des petits producteurs agricoles (qui sont aussi les principales victimes de la sous-alimentation en Afrique), on constate que les politiques en place ne vont pas dans la direction qui permettrait l’amélioration de la sécurité alimentaire.

                                                                                                            Source : La Faim Expliquée

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