La nouvelle frontière de l'huile de palme

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Anglais
Thématiques : Agrobusiness, Biodiversité

Après avoir deforesté l’Indonésie, les industriels de l’huile de palme ont jeté leur dévolu sur l’Afrique, ce que certains experts appellent « la dernière frontière ». Ce rapport de Greenpeace décrit l’expansion de l’industrie de l’huile de palme en Afrique centrale et occidentale.

© Jan-Joseph Stok - Greenpeace

L’huile de palme dans le monde : un secteur en plein boom

L'huile de palme est l'huile alimentaire la moins chère du monde et l'une des plus consommées. Nous assistons actuellement à une montée en flèche de sa production industrielle. Le palmier à huile possède un rendement en huile par hectare plus élevé que tout autre oléagineux. La demande vient principalement des puissances économiques en plein boom que sont la Chine et l’Inde, l'offre principalement d'Indonésie et de Malaisie. La demande est actuellement supérieure à l’offre, notamment à cause du développement des agrocarburants.

L’huile de palme en Afrique

l'Afrique ne fait pas encore partie des grands producteurs mondiaux (2 % de la production). Mais la culture industrielle de l’huile de palme se développe, les investisseurs, principalement européens et asiatiques, se jettent sur les terres d’Afrique et cela n’est pas sans conséquences sur l'environnement et les populations locales :

  • l’accaparement des terres : l’Afrique est la 1ère cible d’une vague d’accaparement des terres. Or, selon une étude récente de Greenpeace, plus de 2,6 millions d’hectares répartis dans dix pays d’Afrique centrale et occidentale sont destinés ou déjà attribués à des projets de grandes plantations de palmiers à huile.
  • la déforestation massive : la majeure partie de ces projets touche des zones forestières dont des zones écologiquement sensibles ou faisant parties des réserves de biodiversité les plus importantes au monde comme le bassin du Congo.
  • de fausses promesses de développement économique : les gouvernements et les investisseurs affirment que ces investissements apporteront des capitaux, des infrastructures et des emplois. Les gouvernements mettent souvent en place des politiques publiques favorables aux investissements mais ayant des impacts négatifs sur le développement des activités locales et sur les communautés rurales.

Etude de cas : des projets très controversés

Dans ce rapport, Greenpeace a également travaillé sur 4 études de cas dont celui de l’entreprise agro-industrielle Herakles Farm au Cameroun. Le projet est une plantation de 73 000 hectares, touchant une zone boisée d’une superficie 8 fois supérieure à Manhattan, située en lisière de pas moins de 5 zones forestières protégées au cœur du bassin du Congo. Les forêts concernées ont été identifiées comme vitales pour de nombreuses espèces menacées auxquelles elles servent d’habitat, et constituent un corridor naturel qui relie cinq zones protégées d’une extrême importance.

Comme le rappelle le professeur Joshua Linder, anthropologue à la James Madison University : « C’est une situation perdant-perdant. Le mode de vie des populations locales risque d’être détruit ; tandis que l’importante biodiversité de la région sera mise en grand danger ».