Se nourrir demain : les alternatives agricoles positives

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français
Thématiques : Agriculture durable

Ces dernières décennies, une prise de conscience croissante des limites et des contradictions du système agro-industriel  productiviste à amené à ce que s'organisent des résistances et des alternatives susceptibles de proposer de nouvelles façons de penser et pratiquer l'agriculture. Alors que le modèle dominant démontre ses limites et ses contradictions, de nombreuses alternatives voient le jour et tentent de répondre aux grands enjeux alimentaires de demain. Cet article publié dans Défis Sud de juin-juillet 2015 est fondé sur les propos d'Isabelle Duquesne (CFSI), Stéphane Desgain (CNCD) et Nicolas Van Nuffel (CNCD). Extraits.

Quels obstacles au changement d'échelle des alternatives ? 

La transition agroalimentaire n'est pas prise en mains par les décideurs. A la place, ils décident plutôt de persévérer dans l'impasse. Le secteur agro-industriel concentre pouvoir et richesses entre les mains d'un petit nombre d'entreprises transnationales. Au travers du lobbying, celles-ci parviennent très bien à faire valoir leurs intérêts auprès des décideurs politiques. Ensuite, ces derniers, comme les producteurs et les consommateurs, n'ont pas toujours accès à une information de qualité qui promeut l'efficacité des alternatives. Finalement, la transition aura un coût financier important car un changement de pratique signifie que toute une série d'investissements auront été faits pour rien.

Pour Nicolas Van Nuffel, "la faiblesse des alternatives provient en partie de l'oubli du rapport de force et de l'importance de penser la société en tenant compte de l'Etat comme acteur principal". Bien que les choses évoluent dans le bon sens, il reste beaucoup à faire pour qu'émerge une conscience collective large de l'importance de peser dans les rapports de force. 

Différents leviers d'actions

Pour Nicolas Van Nuffel, "on ne s'en sortira pas si on n'a pas de politiques publiques d'accompagnement des agriculteurs chez nous". Différents leviers d'action existent et sont pratiqués par les acteurs de la transition.

"Quand l'environnement n'est pas favorable au développement de quelque chose , tu cherches un endroit où c'est encore possible de le faire, tu le construis dans une niche" explique Stéphane Desgain. Un certain nombre d'alternatives, à base de productions différenciées, ont émergé dans des niches. Grâce à un environnement mois concurrentiel, ils ont pu se constituer une force économique pour peser face aux acteurs conventionnels et diffuser leurs pratiques.

D'autres acteurs des alternatives ont choisi le dialogue avec certains responsables politiques pour parvenir à dégager des budgets les aidant à développer leurs projets. 

Politiquement, Isabelle Duquesne soulève que "là il y a une inclusion de l'ensemble des acteurs des systèmes agroalimentaires qui font partie d'espaces de décisions collectives, on a des changements effectifs vers d'autres modes de relations entre agriculture et alimentaire, entre rural et urbain. Ce que l'on voit c'est que, plus les alternatives sont portées à une échelle territoriale réduite, plus le partage de la décision et des risques se fait facilement."

Enfin, le renforcement organisationnel des acteurs de l'agriculture familiale est souvent un prémisse indispensable au développement des alternatives. 

Dans ce sens, la structuration collective est au coeur des stratégies agricoles alternatives. 

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Article extrait de Défis Sud de juin-juillet 2015 "Se nourrir demain - les alternatives agricoles positives"