Au Mali, révolution fourragère et culturelle dans l'élevage

Expertise de terrain
Langue(s) : Français
Filières : Produits laitiers
Pays : Mali

Au Mali la filière lait local est soumise à des contraintes saisonnières de logistique et de conservation. Les producteurs sont en outre confrontés à un contexte commercial de compétition avec le lait importé. Afdi Normandie accompagne des éleveurs maliens depuis 1992 pour améliorer leur production et leur connexion avec le marché.

Avec 9 millions de bovins, le Mali dispose d’un immense cheptel, comment expliquer l’importance des importations de lait et de produits laitiers ?

Une partie des consommateurs n’achète pas le lait local par manque de confiance dans la qualité sanitaire. Les formations sur l’hygiène et la conservation sont donc une priorité, même si elles demeurent insuffisantes dans un contexte très défavorable (très peu de réfrigération, longue durée du transport).

La laiterie industrielle Mali-Lait utilise principalement de la poudre de lait importée. Mais elle achète aussi du lait local et le valorise pour son image de marque. Car une autre partie des consommateurs, notamment à Bamako, voit le lait local comme un produit de qualité, meilleur pour la santé. Le succès des kiosques de produits laitiers locaux en est la preuve. Le « consommer local » peut devenir un argument de vente, il existe une dynamique.

Un autre frein à la consommation du lait local est son prix. Il devient presque un produit de luxe en saison sèche, en tout cas par rapport au lait importé. L’enjeu pour les éleveurs est donc de produire plus en saison sèche, lorsque le prix est rémunérateur. Le recours aux cultures fourragères est une réponse aux difficultés d’alimentation du bétail à cette saison. De plus, l’alimentation fourragère est plus équilibrée pour les bovins.

Comment avez-vous accompagné cette évolution ?

Notre idée était de faire en sorte que ce ne soit pas seulement des « producteurs opportunistes » en périphérie des villes qui profitent de la croissance de la demande urbaine en produits laitiers, mais aussi les éleveurs traditionnels de l’agriculture familiale.

Les cultures fourragères étaient déjà présentes dans la région, les éleveurs en parlaient depuis un moment. Pourtant, traditionnellement, ce sont les animaux qui nourrissent les hommes et non l’inverse. Les inquiétudes (sur la disponibilité foncière pour ces cultures fourragères, sur la main d’œuvre qu’elles requièrent) n’ont pas résisté face à l’opportunité que représente la vente de lait en saison sèche. Nous avons encouragé l’AOPP à organiser des rencontres entre producteurs, parfois plus efficaces que les formations. Et l’intérêt pour les cultures fourragères a fait tache d’huile.

Le développement des cultures fourragères a aussi, de manière indirecte, fait prendre conscience des possibilités de valorisation des herbes de brousse, qui étaient souvent brûlées. Cela représente un énorme potentiel. [...]

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Propos recueillis en juin 2017 par Marie Cosquer (CFSI). Photos © Afdi

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