L'impact des fonds de pension US sur l'agriculture africaine

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Anglais
Thématiques : Agrobusiness

"Savez-vous ce que votre fond de pension fait en Afrique ?" : c'est sous cette accroche que le think tank californien Oakland Institute a publié le 4 décembre un communiqué sur sa nouvelle étude intitulée "Betting on World Agriculture : US Private Equity Managers Eye Agricultural Returns" ("Pari sur l'agriculture mondiale : les gestionnaires de fonds US ont les yeux rivés sur les investissements agricoles").

Suite à la crise financière de 2007-2008 et à l'effondrement du marché immobilier, les fonds d'investissement ont trouvé un nouveau secteur lucratif avec les terres agricoles. Ces dernières années, le secteur financier a déjà investi entre 10 et 25 milliards de dollars dans les terres et l'agriculture, et cela pourrait doubler ou tripler d'ici peu au vu des tendances. Bien que ces investissements soient décrits comme positifs, contribuant à accroître la nourriture disponible, ce discours ne résiste pas à l'épreuve des faits : les grandes transactions foncières sont souvent préjudiciables à la sécurité alimentaire et à l'environnement.

Grâce à des mois de recherche, impliquant revue bibliographique, entretien avec des gestionnaires de fonds, examen de documents publics et confidentiels, le rapport met en lumière ce mouvement financier complexe et inquiétant. Sur les 23 intermédiaires contactés à de multiples reprises (dont Global Environnemental Fund, Georges Soros, Farm Lands of Africa, Westchester Group,...), seuls cinq ont accepté de répondre aux questions de l'Oakland Institute. "Les gestionnaires de fond ne sont mis au courant des détails des investissements et opèrent sous le sceau du secret, a déclaré Anuradha Mittal, co-auteur du rapport, "Au mieux ils affirment qu'ils contribuent à une situation gagnant-gagnant où ils peuvent faire d'énormes bénéfices tout en contribuant à la production alimentaire et à la lutte contre la pauvreté".

Ce à quoi les auteurs du rapport rétorquent que "répondre aux crises sociales ne fait pas partie des stratégies des fonds investissant dans l'agriculture. Tout comme pour les transactions foncières elles-mêmes, il est extrêmement difficile d'avoir une information publique sur les fonds d'investissements agricoles." et que l'immense pouvoir économique des investisseurs justifie en soi de connaître les impacts que peuvent avoir leurs activités sur le développement économique, la production alimentaire, les droits des populations locales et l'environnement.