L'aide au développement, pour quoi faire ?

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français

En ces temps de crise, l'aide publique au développement qui serait trop onéreuse est mise en cause.

Les Maisons Familiales Rurales (MFR) engagées dans le partenariat international ont voulu réfléchir à cette question avec l'aide de Jean-David Naudet, économiste à l'Agence française de développement. Réponses-clefs

Le Lien : Quand tout le monde a plus important à régler chez soi, quels arguments doit-on déployer pour motiver le partenariat international ?

Jean-Daniel Naudet : Beaucoup d'évènements à l'étranger ont des conséquences chez nous. Il y a des risques de guerres dans plusieurs régions du monde. Il y a des trafics. Il y a des flux migratoires. Il y a un combat sur les valeurs (sur la démocratie, sur les droits des femmes, sur les droits de l'homme). Il y a des catastrophes naturelles répétées, des irréversabilités écologiques. Il y a un enjeu urbain fantastique. Il y a des choses très importantes chez nous bien entendu, mais il y a aussi des enjeux internationaux qui sont à l'échelle de la survie civilisationnelle pour certains et, pour le moins, de la survie de notre modèle.

L'aide au développement peut sembler une goutte d'eau dans un océan. Quelle est son efficacité ?

J-D Naudet : Les journalistes résument souvent cette aide à un transfert d'argent. C’est aussi beaucoup d’autres choses sur lesquelles je vais insister. Ces financements à l’échelle du monde sont marginaux, c’est évident, mais ils sont sans alternative.

Qu’est ce qui anime ces politiques de développement ?

J-D Naudet. Plusieurs choses notamment les notions de devoir, de solidarité et de responsabilité. C’est une dimension indispensable pour que le projet d’aide publique au développement existe et résiste. L’aide peut revêtir différentes formes, d’état à état, de citoyen à citoyen ou au sein de mouvements syndicaux, associatifs, des églises. Il faut ajouter ce que j’appelle le « philantrocapitalisme » c’est-à-dire l’aide des milliardaires qui trouve son ressort dans les devoirs qu’auraient les « riches » vis-à-vis des citoyens pauvres.

Quels sont les moteurs qui donnent le pouvoir d’agir ? D’où vient cette énergie ?

J-D Naudet. Je distingue trois sources :

La politique d’aide est marginale mais c’est un des seuls moyens à travers lesquels on peut influer sur les grands enjeux globaux : que ce soit les inégalités mais aussi les biens publics mondiaux tels le climat, la biodiversité, les épidémies, les catastrophes, les crises financières, la transition énergétique.

L’aide est aussi un vecteur d’intérêts économiques, d’influences et de valeurs. C’est pourquoi à tous les G7, G8 et G20 des années 2000, la question de la pauvreté et de l’aide était au programme des grands de ce monde (avant que la crise financière ne balaie cela), largement pour des questions d’image. L’aide est un vecteur de promotion de valeurs (démocratie, droits de l’homme, égalité, respect de la nature). Toute la question est de savoir si ces valeurs sont universelles ou si on croit qu’elles le sont.

Enfin l’aide existe car il y a un besoin de liens et de sens qui est moins souvent cité mais tout aussi important. Pourquoi la plupart des collectivités françaises ont-elles des programmes de développement ? Quel est l’enjeu géostratégique ? C’est bien la question du sens qui est posée.

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Cet article est tiré du magazine Le Lien édité par l'Union Nationale des Maisons Familiales et d'Orientation (UNMFREO)