Graines de changement

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français
Thématiques : Biodiversité

C'est par la circulation et la mutualisation des connaissances et des découvertes que s'expérimentent les solutions de demain.

Dans son numéro spécial sur le développement durable, Altermondes publie un article sur l'enjeu de la conservation des semences paysannes. Le Réseau Semences Paysannes défend les droits collectifs des agriculteurs à échanger leurs semences. Une alternative à la mise sous brevet du vivant.

S’échanger des graines aujourd’hui est un acte subversif. En France, un agriculteur doit chaque année racheter ses semences parmi celles inscrites dans un catalogue officiel, censé garantir l’uniformité des caractéristiques morphologiques de nos fruits et légumes. Les agriculteurs dérogeant à ce diktat seraient nombreux, mais personne ne sait exactement combien ils sont.

Braver l’interdit

Semences Paysannes est le nom du réseau qu’ils ont constitué pour défendre leur approche, opposée aux règles du commerce, avant tout pour des raisons pratiques. « C’est impossible de produire toujours la même plante dans des conditions de culture diversifiées et variables, d’autant plus avec l’amplification actuelle des changements climatiques, explique Guy Kastler, délégué général du réseau. Ce n’est faisable qu’en uniformisant ces milieux avec des engrais et des intrants chimiques ». Les défenseurs des semences paysannes sélectionnent, a contrario, les plantes pour qu’elles utilisent au mieux les ressources de leur environnement. «Plutôt que reproduire à l’infini un même individu, nous travaillons avec des populations de graines, de façon à garder une plus grande diversité ». Pour que cette approche soit efficace, il faut donc braver les interdictions et échanger des semences entre paysans, afin de renouveler sans cesse le patrimoine génétique. «Nous avons créé des Maisons des semences paysannes pour conserver et partager les stocks ». Ces graines étant un bien collectif de la Maison, il n’y a pas d’échange commercial. On dénombre plusieurs dizaines de Maisons aujourd’hui en France, souvent informelles, chacune avec ses règles. «Certaines traitent plusieurs espèces, d’autres une seule. Un atelier itinérant de production de jus de fruit, par exemple, a fini par devenir une Maison pour conserver les variétés fruitières locales ». Certes, c’est un échange informel qui ne laisse pas de traces bureaucratiques. « Mais il se passe entre personnes qui se connaissent : la traçabilité n’est rendue nécessaire que sur les marchés où tout se fait de façon anonyme ».

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Contact :
Réseau Semences Paysannes
3 avenue de la Gare
47190 Aiguillon
www.semencespaysannes.org