Diagnostic de la filière oignon en Côte d'Ivoire

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français
Thématiques : Transformation et filière

Cette étude de Rongead s'inscrit dans un projet, mené en partenariat avec Chigata, d’amélioration de la sécurité alimentaire dans le Nord de la Côte d’Ivoire grâce à un meilleur fonctionnement de filières vivrières. La filière oignon est pour le moment très peu développée, avec seulement 5 % des oignons consommés produits localement. 

Une demande à satisfaire

Bien que l’Afrique de l’Ouest regorge de réussites en termes de développement de bassins de production d’oignon, cette filière reste marginale en Côte d’Ivoire. Plusieurs facteurs expliquent cette situation : l’implantation récente de la culture, la proximité d’un port qui permet d’importer des oignons européens à très bas coûts, une instabilité au Nord qui a miné les efforts réalisés au cours des années 1990 pour développer la filière.

La demande de l’oignon devrait connaître une très forte croissance dans les 20 prochaines années. Le mode de vie urbain favorise sa consommation (facilité de stockage et protection sanitaire grâce à ses peaux supérieurs adaptés aux longues chaines de distribution vers les villes). Et le secteur de la restauration ivoirien accorde une place de choix à ce légume dans les mets les plus répandus. L’oignon est un produit cher et faire diminuer son prix en réduisant les périodes de sous-offre aurait un impact important de diminution des dépenses alimentaires.

Une production rentable mais limitée

Les groupements (féminins) qui continuent actuellement de cultiver l’oignon sont rentables sans bénéficier de soutien extérieur. Car, même si les coûts de production sont estimés supérieurs à ceux du Niger et du Burkina Faso (moindre organisation des producteurs, absence de subvention aux intrants), la proximité d’Abidjan, l’un des plus grand marché de consommation d’Afrique de l’Ouest, mais aussi de villes importantes comme Korhogo et Bouaké, est un avantage.

Cependant, à ce jour, les bassins de production (Tingrela, Odienné, Korhogo) n’atteignent pas une échelle suffisante pour intéresser les grands commerçants d’oignon de Côte d’Ivoire.

Les enjeux du développement de la filière

- Taxer les importations maritimes pour financer le soutien de la filière : L’énorme avantage de la filière actuelle est que les goulots d’étranglement des ports d’Abidjan et San Pedro permettent de facilement prélever des taxes pour financer les investissements nécessaires au développement de la production.

- Renforcer les bassins de production existants : Relancer la filière semencière, appuyer les pépiniéristes professionnels, professionnaliser les groupements existantes, diffuser les itinéraires techniques pluviaux.

- Proposer des prix d’appel aux commerçants d’Abidjan et partager les informations de marché à l'échelle de la sous-région : La filière oignon d’Afrique de l’Ouest est animée par des commerçants organisés autour d’un approvisionnement international. Ces commerçants maintiennent de manière très efficace un équilibre entre oignons hollandais et oignons nigériens. La filière locale doit entretenir de bonnes relations avec ces commerçants et commencer  pour leur proposer des prix d’appel qui les incitent à s’aventurer sur de nouvelles sources de produit et de nouveaux axes de communication.