Les défis des éleveurs : le cas du Bénin

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français
Thématiques : Elevage

Au Bénin, l’élevage représente la seconde activité agricole après les productions végétales. Mais ce secteur connait de profondes évolutions. Depuis 2012, l’association nationale des organisations professionnelles d’éleveur (Anoper)  a entamé  un travail de recherche sur les réalités vécues par ses membres. Les connaissances sur les évolutions des exploitations familiales permettent de formuler de manière participative des réponses aux défis posés par la situation.

L’élevage est une activité centrale et représente souvent plus du tiers du produit intérieur brut agricole dans les zones sahéliennes. On observe une évolution notable chez les éleveurs, héritiers d’une longue tradition. Ils sont de plus en plus nombreux à mener des activités agricoles, devenant des agropasteurs. Parallèlement, des agriculteurs se mettent à investir dans l’élevage, notamment pour la fumure et l’attelage : on parle alors d’agro-éleveurs.

Les enquêtes menées par l’Anoper auprès de 19 exploitations familiales (EF) révèlent que le taux de couverture  annuel des besoins est excédentaire : 15 mois et 9 jours. Le cheptel, dominé par les bovins (78 %), constitue l’essentiel du capital financier des EF. Les EF enquêtées donnent la priorité à l’élevage qui représente 57 % des apports (contre 43 % pour l’agriculture). La pratique généralisée de la transhumance laisse penser que les résidus des récoltes restent sous exploité pour l’alimentation animale.  Les éleveurs minimisent les risques en séparant les troupeaux transhumant et en conservant un noyau laitier d’une dizaine de bêtes au niveau de l’exploitation. La production journalière moyenne de lait est de 2 litres en saison humide et d’1 litre en saison sèche. Le lait constitue la première richesse de l’éleveur et représente 25 % des apports des EF. Ce sont les femmes qui sont en charge des produits laitiers et de leur transformation.

Les activités d’élevage sont tournées vers le marché une fois les besoins familiaux satisfaits. La stratégie est contraire pour les produits agricoles : 66 % de la production agricole est vendue ou donnée.Les bonnes performances de l’élevage au Bénin contrastent avec le peu de valorisation de l’activité au niveau national. L’analyse de la filière met en évidence des tensions sociales et foncières fortes autour du mode d’élevage mobile. L’élevage transhumant contribue pourtant  à hauteur de 75 % à la valeur de la production bovine nationale.

Quel est l’avenir pour l’élevage béninois ? D’ici 2025, une hausse de la demande des produits à base de viande de lait et de viande (croissance démographique, hausse des revenus, urbanisation) est prévue. Face à cette demande croissante, une des stratégies des éleveurs peut être d’accroitre la taille des troupeaux. Mais un autre scénario est envisagé: l’évolution du système d’élevage qui tendrait vers une réduction de la taille des cheptels, une modification des espèces, une intensification de la production et une meilleure coopération agriculture-élevage. Cette hypothèse est privilégiée par l’Anoper qui mise sur ces évolutions imposées par la dégradation de l’environnement et oriente ses actions vers la promotion d’un modèle d’élevage agro-pastoral durable.  

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