Défendre les agricultures familiales : lesquelles, pourquoi?
L’expression « agriculture familiale » recouvre des réalités économiques et sociales très diverses. Elle va de la grande exploitation d’une centaine d’hectares que l’on retrouvera dans les pays occidentaux à la petite agriculture de subsistance asiatique ou africaine de moins de deux hectares, voire au paysan sans terre. Réalisé dans une situation de forte hausse des prix agricoles durant les « émeutes de la faim » (2007), cet ouvrage montre que les agricultures familiales souffrent d’une image négative aux yeux des décideurs politiques du Sud et des donateurs au Nord, associée notamment à archaïsme et faible efficacité économique. Or, selon le rapport de la FAO « La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture » publié en 2005, les pays ayant une forte orientation agricole de leurs dépenses publiques ont de faibles taux de malnutrition, et à l’inverse, les pays avec faibles investissements publics dans l’agriculture présentent de forts taux de malnutrition. Il faut que les politiques publiques soutiennent le développement des agricultures familiales, et cela pas uniquement lorsqu’elles s’inscrivent dans le cadre de filières d’exportation (café, cacao, coton, etc.) comme c’est le cas Afrique de l’Ouest par exemple. Face à la croissance démographique et à la hausse de la demande mondiale en nourriture, les agricultures familiales sont les seules en capacité d’absorber et de nourrir la population à venir de manière durable. Toujours en Afrique de l’Ouest, les progrès de la production agricole, basée essentiellement sur les exploitations familiales, ont été remarquables et ont pu suivre une croissance démographique extrêmement forte. Les problèmes d’insécurité alimentaire qui persistent ne sont pas liés à l’insuffisance de la production mais avant tout à des problèmes de revenus et d’accès à l’alimentation. Aussi l’un des postulats de cette étude est qu’un soutien efficace et durable aux agricultures familiales permettrait de prévenir les crises alimentaires et de porter le développement économique des pays du Sud.
