Alimentation durable : soutenir les producteurs du Sud

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français
Thématiques : Transformation et filière

Dans les pays du Sud, assurer la sécurité alimentaire passe par le renforcement des petits exploitants et leur accès aux marchés locaux. Pour se faire, ils doivent produire davantage et mieux et se diversifier.

L’histoire commence en 1980. Le président du Burkina Faso d’alors, Thomas Sankara, décide de promouvoir la culture du soja. Dans ce pays enclavé où l’agriculture, qui emploie 80 % de la population, est dominée par le coton destiné principalement à l’exportation, cette diversification vise à mettre les producteurs à l’abri d’un retournement des cours et à assurer une meilleure autosuffisance.

La difficulté d’accès au crédit, le manque d’accompagnement et de formation ont dissuadé les petits producteurs malgré les avantages du soja. Peu gourmand en intrants et riche en protéines, il aurait pu assurer une amélioration de 10 % des revenus à l’hectare pour une population qui vit encore dans sa grande majorité au-dessous du seuil de pauvreté (moins de 2 dollars par jour). L’absence d’unités de transformation a également constitué un frein.

Virage à 180 degrés

Cet exemple qui met l’accent sur les problèmes dessine aussi en creux des pistes de solution. Sur toute la planète, la société civile et les associations de coopération internationale multiplient les initiatives. A l’image du programme Promotion de l’agriculture familiale en Afrique de l’Ouest (Pafao), porté par le Comité français pour la solidarité internationale (CFSI) et la Fondation de France depuis 2009. Objectif : permettre aux petits producteurs, qui fournissent 70 % des denrées consommées dans le monde mais qui sont peu protégés du fait du développement des échanges internationaux, de reconquérir leur place sur les marchés locaux, notamment dans les villes. Relever le défi passe par un accroissement de la productivité qui aille de pair avec le respect de l’environnement et une utilisation responsable des ressources, soit, sur ces deux points, un virage à 180 degrés face aux méthodes de l’agriculture industrielle promues par les organisations internationales comme le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale depuis les années 1970.

Du Bénin au Cap-Vert, en passant par le Niger ou le Togo, 200 projets ont déjà vu le jour dans le cadre du programme Pafao. Leur point commun ? Miser sur une meilleure mise en relation entre agriculture familiale paysanne et marchés, urbains et ruraux, chercher à augmenter l’offre en produits issus de l’agroécologie (qui vise à exploiter les potentialités de la nature au lieu d’utiliser des engrais chimiques, pesticides de synthèse et insecticides chimiques) et s’appuyer sur les semences locales, plus résistantes et adaptées aux conditions climatiques de ces pays que les variétés importées. Autre avantage : cette stratégie permet de donner un nouvel élan aux productions locales, qui peuvent se substituer aux importations.

Le Nigeria en a fait l’expérience : en 2011, pour limiter les achats sur les marchés internationaux de blé destiné à la fabrication du pain, il décide d’introduire de la farine de manioc à hauteur de 40 %. Deux ans plus tard, 254 milliards de nairas, soit 1,2 milliard d’euros, avaient été économisés. Le développement de la filière a en outre été encouragé par des investissements dans la construction d’unités de transformation dans tout le pays.

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