Agroécologie, un modèle qui tient la route ?

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français
Thématiques : Agriculture durable

Des principes à la pratique avec Apil au Burkina Faso

Ce numéro de Dynamiques Paysannes (SOS Faim Belgique) fait le point sur les défis de la mise à l'échelle du modèle de production agroécologique. 

Les principes clés de l'agroécologie se répartissent en quatre grandes catégories :

- préservation des ressources naturelles et biodiversité : le système eau-sol-plante est considéré dans sa globalité, exploité de façon durable et plus autonome. 

- limitation des externalités : l'agriculture agroécologique tend à être quasiment autonome par rapport aux ressources externes non renouvelables. Les intrants sont produits localement et peu de déchets sont générés. 

- génération de revenus sûrs et locaux : la valeur ajoutée produite demeure au niveau de l'exploitation agricole ou du territoire.

- valorisation de l'humain et des dynamiques sociales : l'agroécologie passe en premier lieu par la valorisation des savoirs traditionnels locaux en combinaison avec la recherche scientifique ainsi que par le partage des connaissances qui en résultent. 

Une réponse aux enjeux actuels

L'agriculture industrielle a montré ses limites, le capital environnemental a été largement affecté et on commence seulement à mesurer l'ampleur des externalités (santé publique, pollution, etc.) De plus en plus de voix s'élèvent, que ce soient des chercheurs, des politiques ou des praticiens, pour rappeler la nécessité de réorienter l'agriculture vers des modèles de production plus durables et plus justes. 

Mais un système à déverrouiller

Ces points de vue restent toutefois minoritaires face aux solutions préconisées par les organismes internationaux comme la Banque mondiale, avec même une montée en puissance de l'agrobusiness dans les initiatives de lutte contre la faim. L'impression est que le discours a évolué car l'agriculture a été réhabilitée dans les stratégies de développement mais que l'on continue à appliquer les anciennes recettes qui n'ont pas fait leurs preuves. 

En Afrique de l'Ouest par exemple, la politique agricole (Ecowap) définie en 2005 fait clairement référence à une approche conventionnelle avec une priorité à donner à l'accès aux intrants. Si l'on se penche sur un cadre national comme celui du Burkina Faso, plusieurs documents officiels font explicitement référence à l'agroécologie mais, dans les faits, les moyens sont mis sur les investissements classiques (subvention d'intrants, OGM). Outre l'absence de volonté politique claire, on relève plusieurs freins à la transition agroécologique :

- le manque de sécurité foncière (les techniques agroécologiques représentent un investissement que le paysan hésitera à réaliser s'il n'est pas sûr de conserver sa terre) ;

- le coût de la transition (possible diminution temporaire des rendements) qui peut être vécue comme un risque pour un paysan qui peine à assurer sa subsistance ;

- les moyens nécessaires à l'application des techniques agroécologiques (par exemple charrettes pour le transport de la fumure organique) font souvent défaut ;

- les formations des agronomes restent dominées par une approche conventionnelle.

La preuve par l'exemple avant la mise à l'échelle

Depuis 2008, l'Association pour la promotion des initiatives locales (Apil) met en œuvre un important programme de maraîchage agroécologique avec 72 000 familles de près de 120 villages du Burkina Faso. Les rendements ont augmenté de manière significative (+ 42 % pour l'oignon et + 37 % pour la tomate). Il est très important que des réalisations concrètes comme celles d'Apil viennent valider les avantages de l'agroécologie pour que les cadres politiques évoluent dans le sens de la levée des contraintes énoncées plus haut. 

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