Les agricultures africaines - Transformations et perspectives

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français
Thématiques : Agriculture durable, Politiques agricoles et alimentaires

Le NEPAD et l’Union Africaine publient un rapport original et résolument positif qui souligne la forte croissance qu’a connue la production agricole africaine ces 30 dernières années malgré l’absence de soutien. A l’avenir, il s’agit d’offrir aux producteurs un environnement sécurisé qui leur facilite l’adoption de paquets technologiques plus productifs.

L'adoption d'innovations ne se décrète pas

Les innovations doivent bien sûr correspondre aux besoins des producteurs. Mais surtout, elles impliquent que les producteurs prennent des risques qui seront d'autant moins grands à leurs yeux que l'environnement est prévisible. Cet environnement se caractérise par « par un accès plus sécurisé au foncier, des prix plus stables et prévisibles, des assurances et des filets de sécurité pour les producteurs », notamment pour les plus petits d’entre eux.

Limiter les investissements étrangers

Reconnaissant que le développement agricole est une condition nécessaire mais non suffisante pour réduire l’insécurité alimentaire, le rapport admet que « l’agriculture industrielle, outre les questions qu’elle soulève en termes d’efficacité dans l’utilisation des ressources, créée clairement moins d’emplois que l’agriculture familiale moderne », tout en estimant qu’en Afrique, les deux modèles sont appelés à coexister. Il prend ainsi, lui aussi, clairement position contre les acquisitions de terre à grande échelle en vue de créer des plantations industrielles, mais voit l’intérêt de l’investissement étranger dans les filières agroalimentaire.

Limiter la consommation d’intrants fabriqués à base d’énergie fossile

Le rapport opère une inflexion notable dans le domaine technologique en se proposant de favoriser « l’utilisation contrôlée des intrants et des techniques agro-environnementales pour gérer la fertilité́ des sols » et de « promouvoir la préférence systématique pour des systèmes agricoles durables du point de vue socio-économique (utilisation de la main d’œuvre) comme environnemental (usage limité d’intrants d’origine fossile, promotion de l’agro-écologie et de l’agroforesterie). »

Protéger les industries naissantes

Pour que l’agriculture puisse se développer, il lui faudra bénéficier au moins un temps, d’une certaine protection en s’assurant que « l’intégration aux marchés mondiaux se fera de façon progressive en vertu d’une stratégie d’industrie naissante ».  Pour « transformer la stratégie de sécurité alimentaire de l’Afrique pour en faire une stratégie de souveraineté alimentaire et de préférence régionale... [il faudra] davantage de souplesse dans la politique tarifaire régionale, des efforts concentrés sur la recherche sur les produits locaux, des règlementations sur l’utilisation et la protection des ressources génétiques ». 

Il reste à présent au NEPAD et à l’UA à mettre en œuvre ces propositions. C’est là un défi majeur qui demandera  de mobiliser bien des énergies et surmonter de nombreux obstacles : la teneur du récent accord de libre-échange entre la CEDEAO et l’Union Européenne en est l'illustration. 

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